mercredi 26 novembre 2008

Réunion RH France


Dès le début de la crise, la CFDT a demandé aux directions générales françaises et européennes d’organiser une réunion nationale pour examiner les mesures sociales à mettre en oeuvre face à la crise. Les perspectives d’un chômage payé au droit commun (60% du salaire net) faisait peser un risque fort sur le personnel. D’ailleurs, le 18 novembre dernier, la CFDT a participé à une manifestation européenne devant le siège du Groupe au Luxembourg.
Pour la CFDT, il n’était pas question que cette crise ne soit payée que par les seuls salariés. ArcelorMittal devait aussi mettre la main à la poche. Tels étaient les enjeux de cette réunion du 25 novembre à Paris.

INTERVENTION CFDT AUPRÈS DE LA DIRECTION FRANCE

La situation est grave, la crise frappe et ce n’est pas fini. Aujourd’hui, la variable d’ajustement
ce sont les salariés, au premier plan les intérimaires et sous-traitants. Concernant ces derniers, il est intolérable de constater qu’ils servent quasiment de banquiers au profit du Groupe. En effet, faisant face à une crise sans précédent, ils subissent des délais de paiement augmenté de 90 à 120 jours, voire plus dans certains cas.

Les intérimaires, eux, présents dans les établissements depuis plusieurs années, formés, motivés, et à qui il a été promis une embauche, sont aujourd’hui purement et simplement remerciés. Pourtant, nombre d’entre-eux occupaient des postes clés, l’investissement en formation a subi les mêmes effets que la bourse, envolé en fumée. Ecoeurés par une telle attitude, ces intérimaires ne sont pas prêts à revenir dans le Groupe, même après la crise. Pour la CFDT c’est un vrai gâchis.

Par ailleurs, les choix techniques d’arrêts d’installation nous interrogent également. Comment pouvez-vous être sûrs qu’ils n’auront aucun impact négatif ? Arrêter un haut fourneau ne consiste pas à appuyer sur un bouton et attendre que ça se passe, vous le savez. Le vrai diagnostic se fera réellement à la reprise. Chacun pourra vérifier la pertinence de tels choix. Nous, nous émettons des doutes appuyés par les gens du métier. Or, il ne faudrait pas que cette crise soit aggravée par des casses qui seraient irrémédiables pour les outils et les emplois.
De manière générale, c’est la stratégie même du Groupe qui doit être remise à plat et revisitée. Le géant mondial, le n°1 de l’acier aurait-il des pieds en argile? On peut s’interroger. Ce qui, de la bouche des dirigeants, devait être une chance se transforme aujourd’hui en une faiblesse. Nous subissons plus fortement que les autres les effets de balancier face à cette crise majeure. Cette espèce de tentation de dominer le monde, de vouloir écraser les autres concurrents, d’être incontournable sur l’ensemble de la planète, cette stratégie là se retourne contre ses dirigeants mais surtout, hélas, plus fortement contre les salariés. Il ne s’agit pas pour eux de gagner plus mais de garder un emploi, seules ressources pour vivre.

On le voit bien à travers la finance mondiale, tous les géants, quels qu’ils soient, souffrent et certains sont au bord du dépôt de bilan. Cette folie généralisée qui impose des rendements de capitaux minimum de 15% doit être éradiquée. D’autant que les profits gigantesques des dernières années n’auront servi qu’à aggraver la situation actuelle. Oubliés les milliards d’euros engrangés par les actionnaires, oubliés les efforts du personnel, oubliés les contraintes énormes subies par les salariés pour répondre aux exigences de ces mêmes actionnaires. Lorsque le gâteau était bien crémeux, lorsqu’il était énorme et savoureux, ce sont eux qui se sont gavés.

Aujourd’hui, ces maîtres du monde, d’un monde irréel, qui n’ont aucune conscience de ce qu’est l’économie réelle, ceux-là ont le culot d’appeler à la solidarité en ces temps difficiles. C’est le monde (le vrai) à l’envers. D’ailleurs, ils n’hésitent plus à interpeller les Etats pour leur venir en aide. C’est bien connu, on nationalise les dettes et on privatise les profits. Sans états d’âme, ils trouvent soudainement beaucoup de qualité à la chose publique.

Voyez l’autre géant de la finance mondiale la City Bank, sauvée par l’Etat américain. Sauvetage qui sera chèrement payé par l’impôt du citoyen lambda qui n’y est pour rien. Si au moins cette crise servait à rectifier définitivement tous les abus actuels. Mais non, après cela ils repartiront tous comme si rien ne s’était passé.

Alors, de quelle solidarité parlent-ils ? Quelles sont les difficultés ? Et pour qui ?
Les salariés devraient être solidaires de pauvres actionnaires qui ne toucheront qu’un "pauvre" dividende de 1,5 dollars par action ? Ils seraient inquiets car ils ne toucheraient que 4,5 Milliards de dollars ? C’est çà, leurs difficultés ?
Les salariés, eux, ne sont même pas sûrs de toucher l’intégralité de leur salaire ou même de garder leur emploi. 2500 suppressions de postes annoncés hier à ArcelorMittal Etats-Unis. Voilà la réalité. Alors, qui souffre ? Qui paie le prix fort de la crise ? Qui doit être solidaires ?
Pour la CFDT, il est hors de question d’en rajouter au lourd fardeau porté par les seuls salariés.

Donc, nous vous demandons :


► la garantie de salaire pour tous face à cette crise et, ce, quelles que soient les mesures décidées par le Groupe

► de mettre à profit cette baisse de conjoncture pour lancer un vaste plan de formation pour mieux préparer l’avenir

► de poursuivre les embauches afin de réussir la transition générationnelle à venir et le transfert des savoirs

► de faire un état des lieux de la situation des sous-traitants et intérimaires et leur proposer un plan "Marshall" afin de les aider à passer ce cap difficile. Ils y ont droit aussi, ils ont aussi largement contribué aux excellents résultats du Groupe

► de revoir les choix d’arrêts techniques qui peuvent impacter négativement les outils de production.


ArcelorMittal doit entendre le message d’inquiétude des salariés. ArcelorMittal leur doit des réponses rassurantes, le Groupe en a les moyens. ArcelorMittal, géant mondial de l’acier, sera-t-il un "minus" sur le traitement social ? Vos réponses le diront.
C’est ça une entreprise socialement responsable. Nous attendons des actes.


RÉPONSES DE LA DIRECTION

JP. Masy (RH France) a dressé le tableau des conséquences de la crise au niveau national. Il précise que la crise est exceptionnellement grave et qu’il n’y a pas un jour où des clients annulent des commandes. Il rappelle la situation tout aussi dramatique des constructeurs automobile. Le taux d’activités à fin 2008 se situe à une moyenne de 50% et les perspectives pour le T1 2009 se situent autour de 70% en moyenne. Mais, d’après lui, ce ne sont que des projections donc rien de sûr à 100%. Le Groupe s’engage à tout mettre en oeuvre pour éviter les mesures de chômage partiel. Malheureusement, ce ne sera pas possible partout et pour tous.

LES MESURES CONCRÈTES PAR ORDRE DE PRIORITÉ


☻ prise de CP, RTT, récupération d’heures supplémentaires, utilisation des compteurs spécifiques


☻ action de formation interne dans le cadre des possibilités de chaque site


☻ proposition d’utilisation des RTT salarié et CET individuel
(volontariat). Pour ceux qui accepteraient de puiser dans leur compteur personnel(ce n’est pas une obligation), un abondement d’une ½ journée leur sera octroyée s’ils prennent 5 jours et un abondement de 1 jour s’ils en prennent 10 tout au long de la période de crise

☻ en cas de recours au chômage partiel, le complément supplémentaire versé par le Groupe passe de 60% du salaire net à 80% du salaire net
(à partir de ce jour et pour tous les salariés du Groupe, soit 28000 personnes),

☻ début 2009, une planification du calendrier des CP sera discutée avec les syndicats avec obligation de garder un minimum de 12 jours pour la période chaude (31 mars au 31 octobre).


☻ ArcelorMittal s’engage à voir, bassin par bassin, les possibilités d’attirer l’attention des financiers pour aider les petites entreprises sous-traitantes à passer ce cap difficile.

Deux points sont restés sans réponse. Le gel des périodes de chômage éventuel pour le calcul des primes d’intéressement et les cotisations retraites pendant ces périodes. JP Masy s’est engagé à nous y répondre rapidement à travers une note technique explicative.
Autre regret, le manque d’offensive en matière de formation. Il y avait de quoi mieux faire. Les enseignements de Gandrange n’ont pas été complètement retenus.

ANALYSE CFDT

Il est à noter que des réunions nationales sur les mesures sociales se tiennent ou se tiendront dans quasiment tous les pays européens. Cette demande CFDT faite au Comité Européen a porté ses fruits. Dans tous ces pays le Groupe a accepté de verser des compléments aux allocations chômage.
Le chacun pour soi a fait place à des mesures généralisées et concertées. Evidemment, l’idéal aurait été de ne pas recourir à des mesures de chômage partiel. Jusqu’a hier, le groupe n’était pas disposé à quelque compensation que ce soit, nous passons de 60 à 80% du salaire net. Au vu des incertitudes qui pèsent sur la durée de la crise, nous ne pouvons nous contenter de mesures ponctuelles.
En outre, les propositions de la Direction vis-àvis des intérimaires et sous-traitants ne sont pas concrètes. Si les Pouvoirs publics doivent jouer un rôle, la Direction doit aussi s’investir sur ce point pour ne pas hypothéquer le fonctionnement futur de nos installations. Il reste des possibilités de formations internes avec notamment un effort supplémentaire sur le tutorat et le compagnonnage.

Ce qui est certain, c’est que les bénéfices du groupe doivent servir à passer ce cap difficile de la crise.


RESTONS MOBILISE !!!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo à vous, comme quoi il n'y a pas que des mauvaises nouvelles et le fait d'avoir pu obtenir ces avancées et pour tous! Montre bien qu'à force de volonté et de cohérence dans les revendications on arrive à faire fléchir le groupe! Bien joué
ALFRED DU LCB