dimanche 7 octobre 2012

Florange les trois dernières semaines

Lundi 17 septembre
Toujours pas de réponse quant à l'avenir du site de Florange ! Les militants de l'intersyndicale ont bloqué, toute la journée la gare sidérurgique d'Ebange. Il y a beaucoup de craintes à avoir, si Mittal agit comme il vient de le faire à Liège. Les 138 millions d'euros d'investissements promis ne seront pas réalisés. Les belges sont punis par Mittal car les syndicalistes ont refusé de signer un plan social au rabais ! Certains, dans la vallée de la Fensch et dans la presse locale n'hésitent pas à penser et à écrire : "A court terme, le coup de force de Mittal est «une bénédiction»... pour Florange !" Les jours qui suivent démontreront que cette vue à court terme n'a rien de sérieux.


A quelques mètres de la gare sidérurgique, passent les lignes SNCF, dont la ligne TGV. Pour se faire entendre, les militants CFDT ont occupé cette voie pendant un moment. Ils l'ont évacuée après la promesse du sous préfet "d'une annonce, bonne ou mauvaise" dans les sept jours. Bien que courte, cette occupation a désorganisé le trafic entre Metz et Thionville et les TGV entre Luxembourg et Paris.

Jeudi 20 septembre,
poursuite des actions dans et hors de l'usine.

Le dialogue avec les autres salariés, particulièrement ceux que l'on surnomme "les cols blancs" est toujours aussi difficile. La direction et une partie de sa hiérarchie mettent le paquet pour diviser. Des réunions sont organisées à l'extérieur puisqu'ils ne peuvent entrer à cause des piquets de grève !

Les 20, 21 et 22 septembre,
"Fête des sidérurgistes" à Serémange.

Pendant ces trois jours, conférences, expositions, débats et concerts, ce sont succédés. Mais les militants avaient-il vraiment le cœur à la fête ? Ce n'est pas certain. Après ces longs mois de lutte, ils sont fatigués, physiquement et nerveusement. L'analyse qu'ils font de l'état des installations à l'arrêt n'est pas très optimiste. Le haut-fourneau P3 est dans un état lamentable. Il faudrait rien que pour remettre les passerelles en état, au moins 200 000 euros...
Côté gouvernement, c'est toujours le silence, comme du côté de la direction. Cette direction est d'ailleurs tellement trouillarde, qu'au moindre bruit, elle panique. Ainsi, le 20 à 16 h 30, tous les responsables prennent la fuite en voiture... A cause d'une rumeur : les méchants allaient ré-envahir leurs bureaux ! Les militants ont beaucoup apprécié ce courage.

Montebourg à Florange

Le ministre est annoncé pour le jeudi 27 septembre. Ce n'est pas trop tôt ! Il aura fallu un ultimatum de la CFDT et la menace de "vrais dérapages" pour qu'il se décide enfin.
Ce qui est important, ce n'est pas sa visite, c'est la réponse qu'il va, ou non, apporter aux sidérurgistes. Comme le titre le Répu, ce sera "l'heure de vérité". Comme le dit la CFDT : "Si Montebourg vient, c'est qu'il a un minimum de choses positives à nous annoncer. On ne lui a pas demandé de venir. Il sait qu'on attend des réponses".

A la sortie de la mairie de Florange, les élus avaient leur tête des mauvais jours ! Les annonces du ministre ont été accueillies avec scepticisme... "Nous voulons tenter de trouver un repreneur". Il a confirmé que Mittal ne "souhaitait" pas redémarrer les hauts-fourneaux.
Cette annonce sera confirmée lundi 1er octobre, en CCE. Il a également dit que Mittal refusait de vendre l'ensemble du site. Tous les rapports et toutes les études précédents confirment que le site de Florange, dans son ensemble, est viable, ce n'est pas aussi évident pour la seule filière liquide ! De plus, la cokerie restera aux mains du groupe indien... Les militants accusent le coup, l'heure n'est pas à baisser la garde, la lutte doit continuer. Ce qui se passe à Liège n'est pas fait pour encourager. Mittal a dit non à tout espoir de reprise publique du site. Il ne veut pas vendre, il ne veut pas de concurrent, il préfère fermer... sans concession.

Lundi 1er octobre au CCE

Mittal annonce officiellement la fermeture des deux hauts-fourneaux et accepte de laisser deux mois à l'Etat pour trouver un repreneur. Même quand on s'y attend, une telle nouvelle est dure à avaler. Il faut maintenant trouver un repreneur et ce n'est pas chose facile. On peut faire confiance à Mittal pour nous mettre des bâtons dans les roues. Pour preuve, il prévoit d'engager la négociation sur le plan social avant la fin du délai de deux mois ! Il ne reste déjà plus grand monde à l'effectif de la filière liquide, si le plan s'applique plus vite, il ne restera plus personne. Quel repreneur acceptera d'acheter des installations en mauvais état et dont les salariés les plus compétents ont disparu ?

L'action doit continuer !


C'est la constatation faite au lendemain de la visite du ministre. Toute la semaine, l'intersyndicale a bloqué l'usine. Les syndicats se sont répartis les postes. FO bloque la gare d'Ebange, la CGT s'occupe du "chaud" et la CFDT contrôle le "froid". Jusqu'à ce vendredi 5 octobre, la production et les expéditions ont été stoppées. Seule entorse à ce blocage, jeudi après-midi, les militants ont accepté que 10 camions viennent prendre les commandes de deux clients en rupture de stock. C'est une grande preuve de responsabilité, ils ne veulent pas handicaper leur outil de travail...

Malgré les annonces, malgré le danger qui plane sur la totalité du site, malgré les explications, les débats, les informations dans la presse... Malgré tout cela, il reste encore trop de salariés qui ne se sentent pas concernés ! Il reste encore des cadres qui viennent faire de la provocation sur les piquets de grève, il reste encore des salariés prêts à passer dans le moindre trou de souris pour rentrer dans l'usine...

L'histoire ne leur a pas servi de leçon, ils ont oublié Gandrange, Longwy et toutes les autres usines fermées. Peut-être, sans parler des infos syndicales, ne lisent-ils pas l'actualité ? Ils ne savent pas ce qui se passe à Liège ? Ils ne savent pas que Mittal a décidé d'arrêter, au Luxembourg, le train à fil de Schifflange –STFS- fleuron d’Unimétal, il n’y a pas si longtemps.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quand Gandrange fermait, à Sollac on s'en foutait. Quand le chaud est à l'arrêt , le froid se sent pas concerné. Ne vous y trompez pas ceux qui échappent à la fermeture aujourd'hui seront les victimes de demain!

Ex Gandrange et ex Sollac.