Suite au
projet gouvernemental d’augmenter la CSG sur les retraites de 1,7%, la
commission exécutive de l’Union confédérale CFDT des retraités vient d’adresser
une lettre ouverte au Premier ministre. « Une décision incohérente, fondée sur
des a priori et une méconnaissance de la contribution des aînés, ne peut que
provoquer un sentiment d’injustice. »
Monsieur le
Premier ministre,
Votre
gouvernement annonce la mise en œuvre, d’ici la fin de cette année, d’une
réforme de l’assurance chômage. Pour la financer, vous envisagez une hausse
importante de la CSG.
Le projet du
Président de la République de créer une assurance chômage « pour
tous » (salariés, commerçants, indépendants, etc.) provoquerait, dans la
pratique, un véritable chamboulement !
Basé
jusqu’alors sur la notion d’assurance, le chômage ferait l’objet, dans ce
projet, d’une prise en charge universelle qui, au même titre que le risque
maladie, concernerait indifféremment toute la population active…
Notre première
inquiétude tient au fait que, financé par la CSG, le risque chômage pourrait
perdre son caractère contributif. De surcroît - et c’est là où intervient
l’iniquité du projet - le transfert du financement de l’assurance chômage,
aujourd’hui pris en charge par les salariés, à l’ensemble des contribuables
soumis à la CSG, aurait pour conséquence d’y faire contribuer les retraités.
Un manque d’objectivité dans l’analyse sur la place des retraités
Les retraités CFDT, soutenus dans
leur position par toute la CFDT, considèrent que ce projet est la marque :
- d’un manque d’objectivité dans l’analyse sur la place des retraités en société ;
- de l’accumulation ces dernières années de déséquilibres fiscaux intergénérationnels ;
- d’une inégalité de traitement entre retraités et salariés en matière de contributions et de droits ;
- d’une méconnaissance des mécanismes d’indemnisation de la perte d’emploi.
« Tout
le monde gagnera en pouvoir d’achat avec cette mesure, sauf les plus aisés des
retraités… Aux plus aisés des retraités, je demanderai cet effort pour avoir un
système plus intelligent pour leurs enfants et leurs petits-enfants »,
justifiait le candidat Emmanuel Macron.
Cette mesure
aurait de fait un impact positif pour l’ensemble des salariés, puisqu’elle est
entièrement compensée par la suppression de leurs cotisations chômage et
maladie. Ainsi, pour un salarié gagnant 48 000 euros annuels, le gain serait de
l’ordre de 700 euros. Pour les fonctionnaires ou les indépendants, ces derniers
ne contribuant pas actuellement au financement de l’assurance chômage, cette
mesure devrait de même être entièrement compensée.
Perte de revenus à partir d’environ 1250 euros par mois pour une personne
seule
À l’inverse,
cette mesure mettrait à contribution les retraités dès lors qu’ils perçoivent
environ 1 250 euros par mois (soit 15 000 euros annuels), en dessous donc de la
moyenne des pensions de retraite. Pour chacun d’entre eux, la perte de pouvoir
d’achat avoisinera 265 euros annuels, contraints qu’ils seront de contribuer à
l’assurance chômage sans envisager la moindre contrepartie !
Monsieur le
Premier ministre, à ce niveau de revenus, les retraités comme d’autres
catégories sociales ne peuvent être considérés parmi « les plus
aisés » pour avoir à supporter une hausse supplémentaire de la CSG de
1,7 %.
Faut-il
également rappeler qu’au-delà de la CSG actuelle, de la CRDS et de la Casa, les
retraités du secteur privé sont également soumis à une cotisation maladie à
hauteur de 1 % sur leurs retraites complémentaires, cotisation dont on
fait généralement peu état.
Les
retraités participent aussi, et largement, aux efforts de redressement des
comptes publics et sociaux : fiscalisation de la majoration de pension
pour enfant, suppression de la demi-part fiscale pour les personnes seules qui
a impacté de nombreuses veuves, même modestes, non-revalorisation des
retraites. Toutes ces mesures, cumulées depuis 2013, ont déjà largement
« permis » aux retraités de faire preuve de justes et nécessaires
solidarités.
Une décision incohérente, fondée sur des a priori et une méconnaissance
de la contribution des aînés, ne peut que provoquer un sentiment d’injustice.
Monsieur le
Premier ministre, les retraités ne sont pas des assistés. Leur participation à
la richesse du pays est réelle. Ils contribuent, dans leur grande majorité, par
leur bénévolat, à la production de services, tant dans le cadre associatif que
dans le cadre familial, notamment dans leur rôle de proche-aidant, et à la
richesse nationale. Cette contribution est estimée à 1,2 % du PIB
national.
Dans le
contexte du vieillissement de la population et face à l’insuffisance de la
prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées, ce sont souvent
les retraités qui accompagnent financièrement leurs parents âgés pour leurs
dépenses d’hébergement en maison de retraite ou de maintien à domicile.
Les retraités acceptent de prendre leur part à l’effort commun mais
refusent un traitement inéquitable
Les retraités,
et les retraités CFDT au premier chef, ont jusqu’alors accepté de prendre leur
part, comme tout citoyen, à l’effort commun, notamment en solidarité avec les
générations les plus jeunes confrontées à une entrée difficile dans la vie
active. Mais ils n’accepteront pas la rupture du contrat social qui nécessite
un traitement équitable par rapport au reste de la population.
L’évolution
du pouvoir d’achat des retraités est proche de zéro depuis quatre ans. Elle ne
saurait régresser avec cette disposition.
La CFDT
Retraités a toujours su prendre ses responsabilités dans un monde économique en
mutation démographique. Elle demeure ouverte à toutes évolutions qui pourraient
répondre aux exigences de solidarité. Mais elle demande que toute réforme
sociale soit équitable et équilibrée. (...)
Pour la CFDT
Retraités,
Dominique Fabre, secrétaire générale
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire