lundi 24 novembre 2014

Rencontre du Président de la République avec les OS d'AMAL Florange le 24 novembre 2014

La cfdt vigilante et exigeante

Monsieur le Président,

La CFDT prend acte de l’intérêt que vous portez au dossier de Florange. Vous revenez aujourd‘hui sur le site rencontrer les Organisations Syndicales pour faire le point sur VOTRE accord conclu avec ArcelorMittal en novembre 2012. Cette rencontre, nous souhaitons la faire dans un esprit de dialogue direct et franc.

La délégation CFDT va vous dresser SON bilan des mesures actées dans l’accord gouvernemental et dans les accords sociaux signés par la CFDT de Florange et la CFDT de GEPOR. C’est aussi le moment de vous faire part de nos craintes et de nos attentes pour l’avenir du site mais aussi pour la sidérurgie lorraine.

photo © Reuters
Le sauvetage d’ASCOMETAL début 2014 par Franck SUPPLISSON et ASCO INDUSTRIE a préservé des outils et des emplois. Mais le problème de la dette et de la capitalisation de l’entreprise reste entier.

Le projet de vente exclusive de la branche «produits longs» de TATA STEEL au financier Klesch, dont on connait les méfaits en France, ne présage rien de bon pour l’usine d’Hayange, spécialisée dans les rails TGV. Fournisseur attitré de Réseau Ferré de France, ce choix pose la question de la préservation d’une industrie et d’un savoir-faire stratégique pour la France.

Les 207 salariés de LORRAINE TUBES, du groupe espagnol CONDESA, sont au chômage partiel depuis près de 2 ans, non pas faute de commandes mais par manque de trésorerie. Impuissant face aux mauvais choix des actionnaires qui ont creusé une dette abyssale, nous nous interrogeons sur ses répercussions dans le projet de reprise.

Ces 3 exemples illustrent à la fois la nécessité de préserver des outils industriels stratégiques pour notre pays mais réinterrogent encore et toujours sur le rééquilibrage de la gouvernance des entreprises. Ni nationalisation, ni abandon aux financiers, la CFDT propose que les salariés à travers leurs représentants puissent avoir leur mot à dire dans la conduite et les orientations de leur entreprise.

La CFDT ne pouvait pas ne pas évoquer ces cas d’entreprises qui font l’actualité du bassin et qui reflètent aussi les difficultés au quotidien à préserver l’emploi et à le pérenniser dans le secteur qu’est la sidérurgie.

Pour revenir à Florange et à l’accord du 30 novembre 2012, la CFDT a fait le choix d’être présente à la commission de suivi pour suivre et faire respecter les engagements pris. Nous pouvons témoigner de la qualité des échanges et de la transparence des informations qui nous sont données. Nous considérons notre rôle comme celui de « vigie » de ces engagements pour garantir la pérennité des installations de Florange. Si on reprend précisément les 6 engagements point par point, concernant :
  • Les Investissements: D’un montant minimum garanti de 180 M€ sur 5 ans, nous souhaitons les 240 M€ possibles, ce n’est pas superflu et ça serait un signe positif du Groupe vis-à-vis des emplois concernés. Ces investissements sont stratégiques pour pérenniser le site dans sa production d’acier « 3ème génération » pour l’Automobile. C’est LE domaine de compétences de Florange, nous devons le conforter. Ils pérennisent aussi les autres filières comme le Packaging.
  • Sur la Filière Packaging: Dès le début, ce projet de réorganisation imposé par le Groupe, qui touche à la fois les sites de Florange et de Basse-Indre n’a pas convaincu les élus CFDT. Cependant son échec n’est pas envisageable car il remettrait en cause de nombreux emplois sur les 2 sites. Si l’Automobile est un atout pour Florange, le Packaging aussi. La diversité de produits est indispensable pour ne pas être tributaire d’une seule filière. La CFDT continue de demander plus de visibilité et d’engagement de la part du groupe sur cette filière Packaging.
  • Sur la Filière Automobile: Le cluster Lorraine (Florange, Mouzon, Dudelange) est au centre du développement des nouveaux aciers pour l’Automobile en Europe. Des moyens humains et financiers importants sont nécessaires pour répondre rapidement aux défis et aux attentes des constructeurs automobiles. La proximité du centre de recherche de Maizières-Lès-Metz (600 chercheurs) doit assurer cette avance technologique. USIBOR est industrialisé, d’autres aciers sont à l’étude. La concurrence des autres matériaux (plastique, aluminium) est permanente. La Recherche et Développement est le meilleur atout de pérennité pour FLORANGE !
  • La R&D: La transition pour parler de ce sujet est toute trouvée. Et c’et un élément essentiel du dispositif industriel de la sidérurgie lorraine. Pour la CFDT, la création de METAFENSCH et son inauguration aujourd’hui préfigure d’un ensemble de moyens de recherche sidérurgique public et privé exceptionnel. Ce n’est pas un épiphénomène! Avec, le développement de la Vallée Européenne des Matériaux et de l’Energie dans le Pacte Lorraine, l’Institut Régional de Technologie, les universités lorraines et les centres de recherche privés (ArcelorMittal, CREAS- Ascométal, Saint-Gobain-PAM), nous disposons en Lorraine des atouts pour une réindustrialisation durable et responsable de notre région.
  • Le projet LIS: L’abandon du projet ULCOS a été pour la CFDT une erreur stratégique et un déni sociétal face aux enjeux de changement climatique. La réorientation de ce projet, aujourd’hui appelé projet LIS, est dotée d’un budget de 32M€ afin de développer une nouvelle technologie de réduction des émissions de CO2. En partenariat avec des industriels et des universités, d’ici 3 ans, les recherches doivent résoudre les problèmes d’injection de gaz et de tenue des réfractaires de hauts-fourneaux et proposer des solutions de valorisation du CO2. C’est l’avenir de toute la sidérurgie européenne qui est en jeu ; la CFDT suit ce dossier avec attention et n’acceptera pas une 2ème entourloupe!
  • La mise sous cocon: La réalité aujourd’hui est que ces installations sont fortement dégradées et que c’est un gâchis industriel et social pour un gain financier.
  • Sur le social: C’est le volet le plus abouti, résultat d’un accord signé par la CFDT. Aucun licenciement, des mesures d’âge et des mesures sociales pour accompagner les mobilités internes et externes. Chacun peut voir ce qui a été réalisé. Tous les salariés de Florange qui ont vu leur emploi supprimé doivent êtres reclassés. C’était votre engagement, c’est notre engagement dans l’accord social. La CFDT restera vigilante jusqu’au dernier reclassement.Cet accord social a largement inspiré l’accord social de GEPOR. Mais son application ne se fait pas de la même façon ; il reste encore 13 cas à régler dont 6 qui nécessitent un traitement particulier. La CFDT revendique que les cas liés à des problèmes de santé soient reclassées à H&E, notre filiale « sociale » dans les mêmes conditions que ceux en provenance de Florange. Pour les autres, le bassin d’emploi lorrain d’ArcelorMittal doit permettre de trouver des solutions qui satisfassent les salariés dans leur parcours professionnel. Il serait dommageable que l’image du Groupe soit de nouveau ternie par un engagement non respecté.
  • Reste la question du transfert des compétences et des embauches: 30 embauches en CDI viennent d’être annoncées mais il reste plus de 220 intérimaires sur le site de Florange. Monsieur le Président, si à chacune de vos visites, ArcelorMittal débloque des embauches en CDI, nous vous invitons non pas à revenir chaque année mais tous les mois !Pour être compétitif, il faut avoir des outils performants ; les investissements vont dans ce sens. Mais il faut aussi les compétences techniques pour faire des aciers de qualité. Et pour la CFDT, tout n’est pas mis en œuvre pour réussir ce challenge de transfert des compétences et pour adapter par des emplois pérennes l’effectif aux exigences de production.L’image du groupe et de notre métier est un élément primordial pour le renouvellement des départs, notamment par l’apprentissage. Sortir des plans sociaux et des licenciements incessants, valoriser les métiers de la filière industrielle est absolument nécessaire pour notre avenir.La CFDT est particulièrement attachée à un dialogue social de qualité. Vous en faites un marqueur de votre mandat. La CFDT veut résolument se tourner vers l’avenir mais pas dans n’importe quelles conditions.Aujourd’hui, nous ne sommes pas convaincus que le groupe s’engage dans cette voie et nous mettent nous organisation Syndicales au centre de ce projet. Votre visite s’inscrit en pleine période de négociation salariale et négociation d’un protocole préélectoral. La CFDT vous exprime ses inquiétudes sur les conséquences de ces 2 négociations.
  • Enfin, concernant la filiale GEPOR et son projet industriel: La CFDT a participé à la construction du projet industriel et l’a validé. Ce projet touche à la fois l’activité portuaire, la réparation des wagons ferroviaires et l’emballage. Le développement de la plateforme trimodale d’Europort est une opportunité mais pas avant 2016. La réparation des wagons ferroviaires prendra un essor d’ici 2015.En attendant la concrétisation de ces projets, la période transitoire manque de lisibilité et inquiète les salariés de GEPOR. La CFDT souhaite que la Direction vienne maintenant avec un planning concret de la certification de l’entretien des wagons et des investissements sur le port.
Monsieur le Président,
La CFDT vous a dressé son analyse de la situation de Florange. A nos yeux c’est un bilan encourageant pour le moment mais que nous espérons voir s’améliorer. Nous continuerons à être attentifs aux différents engagements pris et nous n’hésiterons pas à les rappeler.

La sidérurgie lorraine et ses salariés sont tournés vers leur avenir. Un avenir qui passe par une industrie compétitive, durable et socialement responsable. Un avenir dont l’Union Européenne détient les principales clés. Conjuguer le Plan Acier de l’ancien commissaire Tajani avec les exigences de la directive Climat-Energie doit remettre notre continent et notre région au cœur de la Sidérurgie mondiale.

Un avenir qui doit intégrer les «oubliés » de ce plan : les sous-traitants. Les premiers touchés, les plus vulnérables. Pour la CFDT, la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est un élément fondateur de la relation « Donneurs d’ordre - Sous-traitants ».

Nous vous remercions pour votre attention.

Aucun commentaire: