jeudi 1 décembre 2011

CFDT Lorraine

LES FAUX HABITS NEUFS DU FN

Chômage de masse, creusement des inégalités, manque de perspectives d’avenir, pèsent lourdement sur notre vie sociale. La situation n’est pas nouvelle. Mais la crise économique a, depuis 2008, aggravé ces phénomènes et les a mis en exergue.

Pour l’extrême-droite, toute crise a toujours été une aubaine. L’audience actuelle du Front national (FN) le montre. L’expression faussement réconfortante du FN qui dit vouloir garantir à chacun - aux dépens de boucs émissaires - une place dans la société, qu’il soit agriculteur, ouvrier, fonctionnaire, enseignant, salarié, jeune, femme, cadre ou retraité, vise à séduire, en réalité abuser, les personnes qui se sentent menacées de déclassement.

Pour encore renforcer son audience, le FN se fait de plus en plus pressant auprès des salariés. Il compte aujourd’hui sur ceux qui sont en prise avec une crise profonde, et notamment une crise de sens de leur travail. Pour mieux attirer ces salariés en perte de repères et de perspectives d’avenir, il prétend en être le défenseur et va jusqu’à emprunter le vocabulaire du syndicalisme.

Mais que se passerait-il si les mesures proposées par le FN étaient appliquées ?
Aux dépens de qui le seraient-elles ?
Quel en serait le prix ?
 
La préférence nationale, un vieux thème de prédilection
 
De l’après-guerre à la fin des années 70, dans une période de croissance économique, les choix des politiques reposaient essentiellement sur la nature de la redistribution des richesses. Le FN portait alors sans détour la préférence nationale et le protectionnisme faisant appel, dans ses rapports à l’opinion, à la pulsion plutôt qu’à la raison, à des appels vigoureux à la patrie.
 
La mue des partis d’extrême-droite
 
Depuis, la donne s’est complexifiée avec la globalisation, la mise en place de l’euro, la réunification de l’Europe, les évolutions démographiques... C’est dans cette période de profondes mutations que la quasi-totalité des partis d’extrême-droite européens ont entamé leur mutation. En surfant sur les peurs des gens, ils oeuvrent à développer un message démagogique sur le social. L’extrême-droite française, restée jusque-là caricaturale, amorce elle aussi son virage.

La même tendance partout en Europe

La controverse sur l’intégration européenne, qui a traversé tous les partis démocratiques, a offert «un boulevard» aux partis d’extrêmedroite. Elle leur a permis de parler des préoccupations des citoyens sur les questions économiques et sociales (euro et perte de souveraineté, libre circulation et immigration, libre circulation et moins-disant social, ...) tout en réhabilitant leurs anciennes thèses face à des partis politiques divisés et aux positions peu lisibles.

C’est à ce titre que la plupart des partis européens d’extrême-droite se sont transformés visant à se rendre «fréquentables».

Dans toute l’Europe, en France, les partis d’extrême-droite tentent de masquer leurs comportements et expressions traditionnels. Ils en gardent pour autant les fondamentaux : dénonciation de l’Union Européenne, de l’immigration, l'étranger, des élites...

Ratisser au-delà des classes populaires

L’expression actuelle du FN rend de plus en plus difficile la visibilité des idéologies qui le structurent. Ses anciens radicalismes, hier caricaturaux, sont aujourd’hui noyés dans des développements sur de nombreux sujets d’actualité.

Mais tout ça ne se voit pas au premier coupd’oeil !

Les propositions que fait le FN, en réponse aux difficultés que peuvent connaître les salariés et aux enjeux pour l’avenir de notre pays, reposent toujours sur ses fondamentaux d’hier. Mais elles sont aujourd’hui revisitées avec des orientations empruntées à d’autres (jusqu’à reprendre des tracts syndicaux...!). Addition complexe de pensées diverses et parfois contradictoires : oui à la globalisation, non à l’immigration, libéralisme économique et anticapitalisme, nationalisme ultraconservateur et nationalisme social.
Non le FN n'est pas un parti comme un autre

La CFDT affirme depuis longtemps que le FN n’est pas un partir comme un autre et que ses valeurs sont antinomiques avec celles du syndicalisme que nous défendons.

Nous continuons de tenir un discours clair et ferme face au FN. Les raisons qui nous conduisent à prendre notre part du combat sont multiples: notre conception de la société, de la démocratie, d’une certaine vision de l'Homme sur laquelle reposent nos engagements et nos pratiques.


Parmi les boucs émissaires du FN : les syndicats

Le FN a toujours eu un discours hostile envers les syndicats. Fidèle à ce parti pris, il s’attaque aujourd’hui à leurs modes de financement.

Marine Le Pen, dans sa lettre ouverte datée du 1er mai 2011 et intitulée «Les bobos m’ont tuer», insinue que les organisations syndicales seraient corrompues, que «les grands syndicats n’[auraient] pas à rendre compte. [Qu’il] n’existe aucun contrôle sur leurs finances pourtant sorties des poches des contribuables».

La loi du 20 août 2008 oblige les organisations syndicales à publier leurscomptes. Le contrôle du financement des syndicats est strict et annuel. Il est mensonger de dire que les finances des syndicats «sortent de la poche des contribuables». L’audit qui certifie les comptes de la CFDT prouve aussi qu’elle est très majoritairement financée par les cotisations de ses adhérents.

LE FN, UNE FORMATION TOUJOURS POPULISTE

Le FN se pose en parti du peuple, des oubliés. La démocratie directe qu’il plébiscite est dans la droite ligne du discours historique de l’extrême droite traditionnelle.

Tout repose sur la figure du chef et sur le prétendu dialogue direct qu’il entretiendrait avec le peuple, par delà les partis, les syndicats et les corps intermédiaires qui seraient selon lui corrompus et soumis aux élites.

Le FN reste bien en cela une formation populiste.
En voici trois exemples :

1 - SUR LA PROTECTION SOCIALE

Le FN n’envisage les dépenses en matière de santé et de solidarité que comme des coûts et souhaite les réduire à peau de chagrin.
  • Le FN diffuse un tract dans lequel on peut lire que «les clandestins sont pris en charge à 100% bénéficiant de cures thermales et de traitement de la stérilité (...) alors que 36 % des Français ne peuvent pas se soigner correctement ». Les difficultés que peuvent connaître les salariés, la qualité des prestations sociales, font l’objet d’incantations sur le thème de la préférence nationale, qui, telle une potion, guérirait tous les maux et résoudrait les problèmes de déficit de la protection sociale.
  • Le FN fait ainsi croire que les étrangers ont plus de droits que les Français, ce qui est strictement faux. La France, comme tous les pays reconnaissant les textes internationaux sur les droits fondamentaux, a mis en place une prestation minimum, l’aide médicale d’Etat (AME), qui couvre les soins vitaux au tarif le plus bas de la Sécurité sociale pour les personnes les plus fragiles selon le principe des Droits de l’Homme.
  • Le FN propose la construction d’établissements régionaux d’éducation adaptée à hauteur de 0.15 milliard d’euros. Alors qu’actuellement le financement des établissements médico-sociaux pour personnes handicapées s’élève à 7.9 milliards d’euros sur une dépense totale d’environ 15 milliards d’euros pour les handicapés.
2 - SUR LA JUSTICE

Le FN propose que des «magistrats issus de la société civile [jugent] dans les heures qui suivent les méfaits, les affaires les moins graves et les incivilités». Les peines qui seraient ainsi prononcées seraient «promptes et incompressibles».

Laisser à des citoyens-magistrats amateurs le soin de juger directement dans des tribunaux populaires les actes de leurs concitoyens est dangereux. Les jugements seraient régis par l’émotionnel et non plus la raison

Les salarié(e)s seraient les premières victimes du FN si les mesures qu’il propose étaient appliquées.
 
3 - SUR SON REJET DE L’EUROPE
 
Le FN fait de la sortie de l’euro un de ses thèmes récurrents. Surfant sur la dégradation de l’image de la monnaie unique dans la population. Il en conclue à la nécessité de revenir au franc.
 
Le FN feint ainsi d’ignorer que revenir au franc nécessiterait de dévaluer de 20% le franc par rapport à l’euro, que les produits importés coûteraient 20% de plus, que les produits pétroliers augmenteraient encore de plus de 20%.
 
Les plus modestes comme les classes moyennes seraient touchés par ces pertes importantes de pouvoir d’achat, et dans des proportions beaucoup plus importantes que la hausse modérée des prix qui avait eu lieu lors du changement de monnaie (environ 0.2 point de pourcentage selon l’Insee).
 
Le FN refuse aussi la coopération policière au sein d’Europol, au motif qu’il s’agit uniquement d’une police supranationale et donc critiquable à ce seul titre.
 
Le FN se priverait ainsi de tous les réseaux de coordination et de protection de plus haut niveau, dans tous les domaines, qu’ils soient économiques, culturels ou sociaux.
 
Le FN souhaite une justice qui promeuve ses idées politiques
 
Dans les années 90, le FN a déposé via une association, la CFNT, des listes de candidats aux élections prud’homales. Des juges se réclamant de la préférence nationale auraient été encouragés à opérer des distinctions de traitement entre justiciables fondées sur leur nationalité, leur origine ethnique ou leur couleur de peau.

La CFDT a alors poursuivi le FN en justice. Il s’agissait pour elle de démontrer que la démarche du FN ne visait pas à défendre les intérêts matériels et moraux des personnes concernées, mais uniquement de promouvoir ses idées politiques.
Sans surprise, la justice a entendu la CFDT.

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