mercredi 31 octobre 2012

CR CE Florange Octobre 2012


JUGER SUR DES ACTES


Ce matin, 30 octobre, à 8 h 30, a eu lieu le premier Comité d’Etablissement de Florange suite au jeu des chaises musicales organisé ces derniers jours dans AMAL.

Les Elus du CE ont pu donc échanger, comme le prévoit le jeu, avec deux des compétiteurs qui ont réussi à trouver un siège avant les autres participants.

Il s’agit de Mme Anita BONNARD, nouvelle responsable du site de Florange et du Finishing Lorrain (Mouzon – Dudelange et Florange) et de M. Henri Pierre ORSONI nouvellement promu directeur général d’AMAL.

Après quinze mois d’actions et de boycotte des réunions, toutes les conditions et les acteurs pour débattre, sereinement et passionnément, sur l’avenir de notre établissement étaient enfin réunis dans cette salle du CE.

Cependant, sans attendre un retournement subit de stratégie ou une quelconque remise en cause des décisions prises, ce que nous avons retenu des discussions, nous laisse sur notre faim.
Concernant la filière liquide, la direction n’a pas confirmé, ni infirmé les rumeurs de repreneurs potentiels de nos installations.
Sur ce sujet, le Comité Central d’Entreprise d’AMAL sera informé, le 6 novembre 2012, sur le processus de recherche d’un éventuel repreneur pour la phase liquide de Florange.

Concernant le train à chaud et l’aval Florangeois, M. Henri Pierre ORSONI a confirmé la nécessité et la complémentarité, dans AMAL, des trains à chaud de Dunkerque et Florange. Ainsi, pour affirmer ses dires, il a évalué grossièrement les flux de brames et de coïls qui sont réalisés aujourd’hui à partir de Dunkerque.

L’aciérie de Dunkerque produit 6,5 Mt de brames par an et le train à chaud est programmé à 3,8 Mt.
Le volume des livraisons à destination de Liège s’élève à 1,5 Mt (750 000 tonnes de brames) et (750 000 tonnes de coïls). Le solde, environ 2 Mt de brames sont pour Florange.
Ces 2 Mt constituent, selon lui, un équilibre viable pour le Cluster Lorraine. De plus, toujours selon la direction, un appoint ponctuel de brames en provenance du site de Brême peut être réalisé. Pour exemple, en novembre, 171 000 tonnes de brames seront expédiées depuis Dunkerque vers Florange et 23 000 tonnes le seront depuis Brême.

En termes d’investissements, la direction s’est engagée à réaliser ceux prévus sur les moteurs du train à chaud. Par contre sur l’aval et notamment la filière Packaging, Mme Anita BONNARD fut plus réservée.

En règle générale, elle différencie les sujets de fond, comme par exemple les problèmes de fiabilité du couplage, des problèmes ponctuels, comme les soucis électriques survenus sur la ligne de galvanisation, sans toutefois chiffrer le montant des l’enveloppes, ni énumérer les travaux nécessaires.

Pire encore, concernant la filière Packaging, l’enjeu pour 2013 est, selon elle, de descendre les coûts de production d’environ 40 € par tonne sans aucun investissement. Sans entrer plus dans le détail, elle nous a annoncé qu’un plan d’amélioration des coûts va être prochainement présenté aux Elus.

Les Elus CFDT ont réaffirmé leur positionnement sur l’ensemble des cataclysmes subits par les salariés de notre site ces dernières années. De l’amont à l’aval, nous avons exposé nos alternatives et fustigé les décisions du groupe.

Nous avons posé des questions qui sont restées sans réponses. Par exemple sur l’autonomie future du site de Florange, sur la façon dont allaient se faire les arbitrages quand il s’agira de choisir entre l’aval d’Atlantique et de la Lorraine en termes de charge des lignes.

Nous avons exigé de connaître en détail les carnets de commandes, les produits réalisés par ligne ainsi que les clients de chaque installation qui compose le Finishing Atlantique et Lorrain.
Pour nous, le discours de M. Henri Pierre ORSONI, soigneusement élaboré pour la circonstance, ponctué de bons sentiments, demande à être vérifié dans le temps, c’est ce que nous allons faire.

Si ce qui nous a été présenté se vérifie sur le papier, il reste à le prouver dans les faits, dans les ateliers et sur les lignes.

Nous allons juger nos dirigeants aux actes. 
Fini la politique de la chaise vide,
nous abordons une nouvelle étape de notre combat ! 
Forcer les dirigeants à dire ce qu’ils font
 et les forcer à faire ce qu’ils disent.

mardi 30 octobre 2012

Vers un repreneur pour Florange ?


SEVERSTAL SUR LES RANGS

Selon certaines sources de presse, le sidérurgiste russe Severstal, propriété de l'oligarque Alexeï Mordachov, étudierait le rachat des hauts-fourneaux de .Florange

Alexeï Mordachov, le principal actionnaire du sidérurgiste russe, n’est pas un inconnu, il était le fameux chevalier blanc d'Arcelor que Dollé était allé chercher, et qui s’était soldé par un cuisant échec, lors de l'OPA de Mittal en 2006. Ce groupe russe a entamé des discussions il y a deux semaines environ. Deux autres candidats sont sur les rangs.

Severstal ne peut pas s'intéresser qu'aux seuls hauts fourneaux


«Mordachov est intéressé. C'est l'un des plus sérieux candidats à la reprise. Les premiers contacts pour les négociations ont commencé», aurait confié un responsable à Moscou, au fait des investissements russes en France. «Severstal est une solution probable », estime même dans les Echos une source en Lorraine. ArcelorMittal est prêt à donner accès aux informations économiques de Florange. Le sidérurgiste russe «vient pour voir, mais, logiquement, il ne peut pas s'intéresser qu'aux seuls hauts fourneaux. Il voudra négocier pour obtenir davantage. Donc cela n'est que le commencement», poursuit la même source. 

Une nouvelle accueillie avec prudence


L'éventuel intérêt de Severstal est accueilli avec scepticisme à Moscou, selon «Les Echos». «Le site de Florange est bien trop vieux et inefficace pour Severstal, qui a déjà compris : c'est beaucoup trop cher de produire de l'acier en Europe », estime Dinur Galikhanov, analyste métallurgie de la banque d'investissement Aton. Le sidérurgiste russe, qui a produit plus de 15 millions de tonnes d'acier brut l'an passé et enregistré 15 milliards de dollars de revenus, dispose déjà d'actifs hors de son pays d'origine.

«Nous ne confirmons ni n'infirmons la piste Severstal», a juste réagi l'entourage du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, qui avait arraché à ArcelorMittal un délai de 60 jours pour trouver un repreneur à la filière chaude et forcer ArcelorMittal à céder les infrastructures.

Le, gouvernement, à qui il reste un mois pour trouver un repreneur aux deux hauts-fourneaux fermés par ArcelorMittal à Florange (Moselle), aurait déjà reçu des marques d'intérêts de plusieurs groupes, dont Severstal, deuxième groupe sidérurgique russe. 

Il est donc trop tôt pour savoir si la piste russe peut déboucher, d'autant que deux autres candidats seraient sur les rangs. Une lueur d'espoir que les syndicalistes ont toutefois accueillie avec prudence.

Edouard Martin délégué CFDT s'est réjoui, avec prudence, de ces informations : «C'est la première bonne nouvelle depuis 15 mois, mais on va rester très prudents. On a connu suffisamment de douches froides ces dernières semaines. Ça nous conforte en tout cas dans l'idée que cette usine peut intéresser des repreneurs, contrairement à ce qu'ont pu dire des oiseaux de mauvais augure». Edouard rappelle que Serverstal s'est désengagé il y a quelques années de sites d’Ascométal en Lorraine, mais que les débouchés de Florange dans l'automobile pourrait l'inciter à revenir.

jeudi 25 octobre 2012

Florange la lutte continue

Reprise du dialogue ?


Alors qu'hier, mercredi, M. Orsoni le nouveau patron était entré en catimini dans ses bureaux, bien avant que les syndicalistes occupent le portier des grands-bureaux.
Il préférait accorder ses premiers rendez-vous avec la presse plutôt qu'avec les sidérurgistes.
Ce matin, changement de tactique, il est venu à la rencontre des salariés et des représentants du Personnel au portier des grands-bureaux qui était de nouveau occupé par l'Intersyndicale



Le nouveau patron M. Orsoni , souhaite le dialogue!


La CFDT a fait passer des messages concernant l'avenir des emplois et des outils du site.


La direction recevra les organisations syndicales dans les prochaines semaines, nous vous tiendrons informés de l'évolution de la situation.


Nous jugerons aux actes!

mardi 23 octobre 2012

Démolition des cheminées de la centrale EDF de Richemont (57)


Encore un symbole qui disparait
 
Après plus d'un siècle d'intense activité sidérurgique, les paysages des vallées sidérurgiques Fensch, Orne et Moselle, sans oublier ceux du bassin de Longwy ont été profondément bouleversés. Il ne restera bientôt plus de traces visibles, tant on s’est acharné à gommer et à faire disparaitre, ce qui fut la gloire de la Lorraine industrielle.
 
Les mines de fer sont abandonnées, les hauts-fourneaux, les aciéries, les halls des ateliers de transformations, les conduites aériennes, les voies de circulation disparaissent les uns après les autres.
 
Le dernier en date ce lundi 22 octobre, un énième pan de l’histoire industrielle est tombé en poussière. Il a fallu 26 secondes pour dynamiter ces trois cheminées âgées de 60 ans.


vendredi 19 octobre 2012

Bernard Lavilliers solidaire


Les actions continuent dans l'usine

L'intersyndicale d'ArcelorMittal poursuit ses actions et refuse de discuter, pour l'instant, le plan social. La discussion du plan social devait débuter mardi 16 octobre, mais l'intersyndicale a refusé d'y participer avant la fin de l'ultimatum, des deux mois, lancé par Mittal pour la reprise des hauts-fourneaux. Finalement il a été décidé de reporter la négociation à la fin de l'année.

En attendant, la lutte continue sous des formes diverses, essentiellement des occupations d'unités de l'usine.

Pascal Faure, l'expert chargé par le gouvernement de trouver un repreneur, a déclaré ces jours-ci dans la presse qu'il avait "ciblé" plus d'une dizaine d'industriels susceptibles d'acquérir les hauts-fourneaux de Florange. De son côté, l'intersyndicale continue de dénoncer la volonté de Mittal de ne céder qu'une partie des installations, au risque de ne pas intéresser de repreneur.

Bernard Lavilliers est venu ce jeudi après-midi à Florange, au portier de l'usine. Il a été accueilli les militants syndicaux. 
Solidaire depuis le début, comme il l'a été à Longwy et à Uckange, il a rappelé : "Je connais bien ce boulot. Il faut stopper ce compte à rebours (de la fin de la sidérurgie) qui a commencé il y a 20 ans, J'ai, autrefois, été métallo..." Tout le monde se souvient et connait sa chanson "Fensch vallée"... "Je suis venu pour savoir, parce qu'on raconte tout et n'importe quoi. Ce n'est pas à moi de raconter votre vie. Mais cette usine est rentable. Mittal, c'est un copain de Bernard Madoff, un financier. Les intellectuels nous disent qu'il faut vous recycler ! Bientôt, ce sera de votre faute si l'usine ferme !".



dimanche 7 octobre 2012

L’arrêt définitif des Hauts-fourneaux

A qui la faute ?

L’annonce de la fermeture des deux derniers hauts-fourneaux des vallées de l’Orne et de la Fensch est le triste aboutissement de plus de 40 ans d’une saga mortelle pour l’industrie sidérurgique de la région.

Vers la fin des années 60, on fermait des usines jugées trop vieilles ; 
  • Aubrive dans le secteur de Villerupt ; 
  • Knutange pour la Fensch, 
  • Auboué, Jamailles et Moyeuvre pour l’Orne, 
les effectifs sont absorbés par les autres usines de la vallée. Gandrange vient tout juste de démarrer, on embauche

Sans remonter trop loin dans le temps, juste à l’annonce du premier choc pétrolier de 1974, début des années 70, on annonce des surcapacités dans la sidérurgie, les produits longs commencent à trinquer, Micheville est en compétition avec Hayange pour la fabrication des rails, le choix se porte sur Hayange, tout proche du grand Sollac et de Sacilor - Gandrange pour ceux qui se souviennent.

Deux grands groupes sont en présence sur les vallées de la Fensch, Orne et Moselle, Usinor et les Wendels & Co. L’Europe s’en mêle et les plans se succèdent : Plan Dherse, plan Gandois, plan Davignon.... On ferme de grands sites comme Thionville, les usines restantes n’arrivent plus à absorber l’ensemble des effectifs et on négocie pour la sidérurgie des plans sociaux spécifiques, les fameuses conventions dans lesquelles on annonce le licenciement des plus jeunes.

Ça ne suffit toujours pas, entre fin 78 et début 79, le patronat annonce plus de 20 000 suppressions d'emplois. Longwy est touché à son tour, le SOS flotte sur le crassier et la première radio-pirate - Radio SOS Emploi - fait son apparition.

On négocie de nouvelles conventions après celle de 1977 la 1ère CGPS (Convention Générale de Protection sociale) de 1979 avec les départs anticipés. L’âge des départs passe d’abord à 56 ans et 8 mois puis à 50 ans et ça va durer pendant près de 20 ans jusqu’en 1995. Peu importe à qui appartient la sidérurgie, l’État paye et les barons de l’acier de Wendel et héritiers pour la plupart dans les gouvernements s’en mettent plein les poches.

Et on continue de fermer, il y a toujours plus de surcapacité.

1981 changement de régime, la gauche au pouvoir nationalise la sidérurgie, l’État s’approprie les ruines laissées par les de Wendels dans les deux vallées. Cela faisait des dizaines d’années que le contribuable finançait ces maîtres de forges.

On continue à regrouper, Rombas avec Gandrange, Joeuf avec Homécourt, Hagondange avec Gandrange, On ferme Rombas, Joeuf, Homécourt, bientôt suivi par Hagondange.

Il faut faire sauter le haut-fourneau que les Lorrains ont dans la tête, on rase vite fait ces nouvelles friches industrielles et on y implante des surfaces commerciales ou comme à Hagondange on crée un parc d’attraction, les petits hommes bleus apparaissent.

29 Mars 84, Fabius annonçait déjà, la mise à mort de Gandrange, et c’est parti pour 4 à 6 mois de violentes luttes dans et hors du site. Finalement Gandrange vivra, plus ou moins bien, encore 25 ans et sera le havre d’accueil de tous les sites qui fermeront dans les années à venir tant et si bien qu’à un moment pour 1300 salariés actifs, il y avait plus de 13 000 inscrits ayant droit aux activités sociales et culturelles de l’établissement.
Pour faire face à toutes ces fermetures d’installation, les organisations syndicales, patronales (Gésim) et l’État négocient les différentes conventions de protection sociale.

Dans un premier temps, ces conventions apportent des garanties aux plus anciens, donnent des primes à la mutation et licencient les plus jeunes. Ensuite à partir de 79, on fait partir prématurément les plus anciens, cela ne suffisant pas, on ajoute en 87, les conventions de formation pour le reclassement interne ou non.

Jusque dans les années 86, il n’y aura pas de licenciement sec dans la sidérurgie, tout le monde sera reclassé dans les installations qui tournent encore. Puis la sidérurgie Lorraine se dote de ses propres centres de reclassement, ce sont des « ANPE » bis qui s’approprient en priorité, les emplois existants sur le marché.

Profits, productivité, devant s’appliquer à tout et à tous, il faut que tout s’inscrive dans les plans, y compris les reclassements et pour activer le système, on finit par recourir, au terme d’un parcours de parfois plusieurs années de galère, au licenciement.

Pendant tout ce temps, de dégraissage, de sacrifices pour ses employés, la sidérurgie française finit par se porter mieux. Après des dizaines d’années de dettes colossales, payées par le contribuable, il faut le rappeler, après des milliers de suppressions d’emplois, financés également par le contribuable, la sidérurgie commence par afficher ses premiers résultats positifs, fin des années 80. Gandrange affiche des bénéfices pour 1988.

Et pour cette dernière époque de la sidérurgie nationalisée, la dernière convention ne prévoit  plus de départs systématiques, sauf, pour les installations encore en difficulté, ce qui est le cas des usines du Creusot dans la Loire, de la Normande, de HFRSU le dernier haut fourneau d’Uckange qui fermera en novembre 91 et de Gandrange (Unimétal).

Changement d’époque, changement de gouvernement, la droite revenue au pouvoir, privatise la sidérurgie qui aurait pu enfin, rembourser le contribuable. Pour cette droite capitaliste, une société qui gagne de l’argent ne peut pas être au service de l’État.

Balladur donc, en 95, privatise et c’est Francis Mer déjà patron de la sidérurgie depuis 86, qui devient le 1er PDG de la nouvelle société USINOR-SACILOR. La machine s’emballe et on demande encore plus de gains de productivité. Les différents sites de cette nouvelle sidérurgie ne sont pas tous équivalents du fait de leurs carnets de production.

Les produits plats ont le vent en poupe, le navire amiral, dit-on pour eux, l’acier des champions pour Sollac, puis viennent les inox, avec des hauts et des bas mais une marge bénéficiaire qui peut-être très importante, ensuite les longs spéciaux –Ascométal- et enfin les longs ordinaires comme Gandrange.

La casse du siècle

Francis Mer et ses acolytes gèrent tout ça et préparent la casse du siècle pour fin 98, en se séparant de tout ce qui n’est pas assez rentable.

Rien que pour les vallées de l’Orne et de la Fensch, on assiste à un véritable massacre, on divise, coupe, sépare, un ensemble cohérent en une multitude de sociétés différentes. Ceux qui étaient frères hier, sont désormais concurrents, et tant pis pour les plus faibles.
  • Ascométal Hagondange est vendu à Lucchini Italie, par la suite au russe Severstal.
  • Hayange est vendu au groupe anglais Corus par la suite à l’indien Tata
  • Gandrange est donné à Ispat filiale 100% de la famille Mittal, du premier cercle, père, mère, fille et fils.
  • Les forges de Thionville vendues au suédois Ackers
  • Usinor-Sacilor ou du moins ce qu’il en reste se rapproche de l’espagnol Arceralia et du luxembourgeois Arbed et crée ARCELOR.

Francis Mer devient ministre de Chirac, et passe la main à Dollé le deuxième et dernier PDG de feu la sidérurgie française.

Tout est maintenant en place pour se faire assassiner par des prédateurs et c’est Mittal qui attaque.

Dollé  qui avait atteint son seuil d’incompétence depuis longtemps, le prend de haut, nargue et se moque de Mittal, qui lui met l’estocade finale et exit ce Dollé dont on entendra plus parler.

Nous voici arrivés à une époque des plus noires du capitaliste, que nous n’avons jamais connue. Depuis toujours, nos patrons, maîtres de forges y compris étaient connus, étaient du cru, ou du moins leurs ancêtres et avaient peu ou prou la même culture. Aujourd’hui, il en est tout autrement, c’est un patron qui possède personnellement l’entreprise. C’est un financier, qui peut, et qui fait, d’un simple coup de stylo, condamner toute une région, il est au dessus des pays et de leur gouvernement, il joue avec l’argent, aujourd’hui, la sidérurgie et les mines, hier les bateaux, banques et autres chaines de télé et cinéma, et demain très certainement, un autre jouet. Tout cela au seul bénéfice des actionnaires, donc de sa famille qui est majoritaire, donc de lui même. Il n'y a plus de raisonnement industriel, il n'y a que des objectifs financiers.

Alors après la fermeture de l’aciérie de Gandrange en 2009, c’est le tour des Hauts fourneaux de Sollac en 2012, et demain qui sera le suivant ?

Alors qui est responsable ?

  • Mittal, le prédateur bien sur, mais il n’y serait pas arrivé si Chirac et son ministre Balladur n’avait pas privatisé en 95.
  • Balladur donc, mais rien n’aurait été possible si Francis Mer n’avait éclaté la sidérurgie en menues portions pour mieux la vendre.
  • Francis Mer alors, qui a ouvert la porte au prédateur en le faisant entrer sur le territoire, en 98 en lui donnant pour le franc symbolique Gandrange et ses filiales.
  • Francis Mer encore, qui a porté son ami Dollé, à la présidence du groupe et qui a (con...  ) bêtement humilié le prédateur.
  • Nicolas Sarkozy en faisant ses folles déclarations à Gandrange ou encore ce printemps à propos de Florange. François Hollande en proposant un projet de loi à l’encontre de tels prédateurs. 
Même pas ! Mittal et ses compères n’ont que faire des gesticulations des politiques, cela fait longtemps qu’ils ont appris à les connaître, à les côtoyer, à négocier avec eux, qu’ils soient européens, de l’est ou de l’ouest, africains, asiatiques ou américains du nord ou du sud. Mittal est présent sur les cinq continents et il a des intérêts dans tous ces pays et il a négocié avec tous les gouvernements.

Alors aux grands maux, il faut des grands moyens, mais ce n’est ni démocratique ni respectueux du code des marchés, ni de la mondialisation. 

Pourtant ça ferait du bien !

Florange les trois dernières semaines

Lundi 17 septembre
Toujours pas de réponse quant à l'avenir du site de Florange ! Les militants de l'intersyndicale ont bloqué, toute la journée la gare sidérurgique d'Ebange. Il y a beaucoup de craintes à avoir, si Mittal agit comme il vient de le faire à Liège. Les 138 millions d'euros d'investissements promis ne seront pas réalisés. Les belges sont punis par Mittal car les syndicalistes ont refusé de signer un plan social au rabais ! Certains, dans la vallée de la Fensch et dans la presse locale n'hésitent pas à penser et à écrire : "A court terme, le coup de force de Mittal est «une bénédiction»... pour Florange !" Les jours qui suivent démontreront que cette vue à court terme n'a rien de sérieux.


A quelques mètres de la gare sidérurgique, passent les lignes SNCF, dont la ligne TGV. Pour se faire entendre, les militants CFDT ont occupé cette voie pendant un moment. Ils l'ont évacuée après la promesse du sous préfet "d'une annonce, bonne ou mauvaise" dans les sept jours. Bien que courte, cette occupation a désorganisé le trafic entre Metz et Thionville et les TGV entre Luxembourg et Paris.

Jeudi 20 septembre,
poursuite des actions dans et hors de l'usine.

Le dialogue avec les autres salariés, particulièrement ceux que l'on surnomme "les cols blancs" est toujours aussi difficile. La direction et une partie de sa hiérarchie mettent le paquet pour diviser. Des réunions sont organisées à l'extérieur puisqu'ils ne peuvent entrer à cause des piquets de grève !

Les 20, 21 et 22 septembre,
"Fête des sidérurgistes" à Serémange.

Pendant ces trois jours, conférences, expositions, débats et concerts, ce sont succédés. Mais les militants avaient-il vraiment le cœur à la fête ? Ce n'est pas certain. Après ces longs mois de lutte, ils sont fatigués, physiquement et nerveusement. L'analyse qu'ils font de l'état des installations à l'arrêt n'est pas très optimiste. Le haut-fourneau P3 est dans un état lamentable. Il faudrait rien que pour remettre les passerelles en état, au moins 200 000 euros...
Côté gouvernement, c'est toujours le silence, comme du côté de la direction. Cette direction est d'ailleurs tellement trouillarde, qu'au moindre bruit, elle panique. Ainsi, le 20 à 16 h 30, tous les responsables prennent la fuite en voiture... A cause d'une rumeur : les méchants allaient ré-envahir leurs bureaux ! Les militants ont beaucoup apprécié ce courage.

Montebourg à Florange

Le ministre est annoncé pour le jeudi 27 septembre. Ce n'est pas trop tôt ! Il aura fallu un ultimatum de la CFDT et la menace de "vrais dérapages" pour qu'il se décide enfin.
Ce qui est important, ce n'est pas sa visite, c'est la réponse qu'il va, ou non, apporter aux sidérurgistes. Comme le titre le Répu, ce sera "l'heure de vérité". Comme le dit la CFDT : "Si Montebourg vient, c'est qu'il a un minimum de choses positives à nous annoncer. On ne lui a pas demandé de venir. Il sait qu'on attend des réponses".

A la sortie de la mairie de Florange, les élus avaient leur tête des mauvais jours ! Les annonces du ministre ont été accueillies avec scepticisme... "Nous voulons tenter de trouver un repreneur". Il a confirmé que Mittal ne "souhaitait" pas redémarrer les hauts-fourneaux.
Cette annonce sera confirmée lundi 1er octobre, en CCE. Il a également dit que Mittal refusait de vendre l'ensemble du site. Tous les rapports et toutes les études précédents confirment que le site de Florange, dans son ensemble, est viable, ce n'est pas aussi évident pour la seule filière liquide ! De plus, la cokerie restera aux mains du groupe indien... Les militants accusent le coup, l'heure n'est pas à baisser la garde, la lutte doit continuer. Ce qui se passe à Liège n'est pas fait pour encourager. Mittal a dit non à tout espoir de reprise publique du site. Il ne veut pas vendre, il ne veut pas de concurrent, il préfère fermer... sans concession.

Lundi 1er octobre au CCE

Mittal annonce officiellement la fermeture des deux hauts-fourneaux et accepte de laisser deux mois à l'Etat pour trouver un repreneur. Même quand on s'y attend, une telle nouvelle est dure à avaler. Il faut maintenant trouver un repreneur et ce n'est pas chose facile. On peut faire confiance à Mittal pour nous mettre des bâtons dans les roues. Pour preuve, il prévoit d'engager la négociation sur le plan social avant la fin du délai de deux mois ! Il ne reste déjà plus grand monde à l'effectif de la filière liquide, si le plan s'applique plus vite, il ne restera plus personne. Quel repreneur acceptera d'acheter des installations en mauvais état et dont les salariés les plus compétents ont disparu ?

L'action doit continuer !


C'est la constatation faite au lendemain de la visite du ministre. Toute la semaine, l'intersyndicale a bloqué l'usine. Les syndicats se sont répartis les postes. FO bloque la gare d'Ebange, la CGT s'occupe du "chaud" et la CFDT contrôle le "froid". Jusqu'à ce vendredi 5 octobre, la production et les expéditions ont été stoppées. Seule entorse à ce blocage, jeudi après-midi, les militants ont accepté que 10 camions viennent prendre les commandes de deux clients en rupture de stock. C'est une grande preuve de responsabilité, ils ne veulent pas handicaper leur outil de travail...

Malgré les annonces, malgré le danger qui plane sur la totalité du site, malgré les explications, les débats, les informations dans la presse... Malgré tout cela, il reste encore trop de salariés qui ne se sentent pas concernés ! Il reste encore des cadres qui viennent faire de la provocation sur les piquets de grève, il reste encore des salariés prêts à passer dans le moindre trou de souris pour rentrer dans l'usine...

L'histoire ne leur a pas servi de leçon, ils ont oublié Gandrange, Longwy et toutes les autres usines fermées. Peut-être, sans parler des infos syndicales, ne lisent-ils pas l'actualité ? Ils ne savent pas ce qui se passe à Liège ? Ils ne savent pas que Mittal a décidé d'arrêter, au Luxembourg, le train à fil de Schifflange –STFS- fleuron d’Unimétal, il n’y a pas si longtemps.

samedi 6 octobre 2012

Semaine d’action de la Fédération européenne des travailleurs de l’industrie


L’industrie - c’est nous !
Tous unis pour défendre l’industrie comme fondement de l’économie européenne


Pour nous lorrain(ne)s: politique industrielle ça parle !

Pour nous militant(e)s CFDT: politique industrielle EUROPEENNE, ça a du sens !

On n’imagine même pas que la CFDT Lorraine passe à côté de cette mobilisation européenne !

Dans le même temps, les annonces de fermeture à ArcélorMittal Florange percutent toute la CFDT Lorraine.

On l’a déjà dit par ailleurs « L’enjeu de Florange n’est pas seulement lorrain ou franco-français car c’est bien de l’avenir de la sidérurgie et de la politique industrielle européenne dont il s’agit. »

Quel meilleur exemple que Florange pour revendiquer la défense de l’industrie européenne. Dans le cadre de l’action des syndicats européens de l’industrie, regroupés dans la nouvelle fédération INDUSTRIALL.

Rendez-vous mardi 9 octobre,

à 10h30,  
devant les locaux syndicaux , avenue des tilleuls à Florange.

Alors ce mardi  toute la CFDT-Lorraine est à FLORANGE !

En présence de militant(e)s de syndicats Belge(CSC) et Luxembourgeois (LCGB)

Au programme :

  • Manifestation (parcours encore à préciser) départ aux environs de 11 h
  • Prise de parole CFDT Lorraine, syndicats européens et la section ArcélorMittal
  • Et pour terminer on vous propose non pas un banquet mais un pique-nique !

Le Combat Continu !

Pour plus de décence dans les entreprises et l'économie !


Les travailleurs industriels européens demandent un changement de cap 

  • Le capitalisme casino met l'industrie européenne à genoux !
  • Une politique industrielle européenne solide, moteur d'une base industrielle et de l'emploi durables, doit être développée !
  • La régulation des marchés financiers se fait toujours attendre alors qu'on commence seulement à prendre la mesure des pratiques irresponsables !
  • Les gouvernements, la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI continuent à faire payer la facture à ceux qui ne sont pas responsables !



Les salaires, les pensions, les allocations sociales, les relations industrielles, la sécurité de l'emploi - pratiquement tous les droits acquis des citoyens et des travailleurs européens sont l'objet d'attaques constantes, se traduisant par un déclin sans précédent des conditions de vie et de travail, des degrés de précarité jamais vus dans le travail, et l'érosion de notre base industrielle

Les membres d'industriAII European Trade Union revendiquent : 

  • des investissements dans une politique industrielle tournée vers l'avenir, fondée sur l'efficience des ressources et l'efficacité énergétique, l'innovation, la pérennité et la qualité des emplois
  • une véritable démocratie industrielle fondée sur des structures stables de participation, de dialogue et de négociation
  • d'importants projets européens novateurs pour relever les défis actuels : changement climatique, énergie, mobilité et sécurité
  • un débat à l'échelon européen sur l'avenir de l'industrie et de l'emploi en Europe


 L'industrie - C'est nous !
Défendre l'industrie comme fondement de l'économie européenne !

Les syndicats européens de la métallurgie, de la chimie et du textile se sont regroupés pour fonder en mai 2012, une nouvelle fédération syndicale européenne de l'industrie :
industriAII European Trade Union .



9 octobre


Action de la Fédération européenne de l'industrie

 La nouvelle Fédération européenne de l'industrie a décidé d'organiser une période de sensibilisation, au niveau européen, sur les problèmes de l'industrie : emplois, développement. ..

Dans tous les pays européens, les organisations syndicales affiliées à cette fédération, née au printemps 2012 et qui regroupe les fédérations européennes de la métallurgie, de la chimie et du textile, organiseront des actions pour sensibiliser les salariés et les pouvoirs publics sur ces sujets.

En appelant séparément à une journée d'action le 9 octobre à des fins politiciennes nationales et internes, la CGT détourne et affaiblit le sens que la Fédération européenne de l'industrie a voulu y donner.

La CFDT, comme elle s'y est engagée avec les instances européennes s'inscrira dans cette journée sur les objectifs préalablement choisis :
  • L'instauration d'un débat européen sur l'industrie permettant de favoriser la mise en place d'une stratégie européenne pour l'emploi et la croissance.
  • La mise en oeuvre de grands projets européens innovants pour répondre aux enjeux environnementaux en faveur du développement durable et proposer ainsi une autre voie pour la sortie de crise.
  • La revendication d'investissements en faveur d'une politique industrielle européenne d'avenir, avec des emplois durables des conditions de travail, de sécurité et de rémunérations décentes.
  • La revendication de nouveaux droits pour permettre la participation des travailleurs aux questions relatives à la stratégie de l'entreprise, à l'organisation du travail, à l'établissement réel du respect des processus d'informations et de consultations.

lundi 1 octobre 2012

Déclaration de l’Évêque de Metz


Des travailleurs, ont moissonné vos terres,
Et vous ne les avez pas payés ;
Leur salaire crie vengeance,
Et les revendications des moissonneurs
Sont arrivées aux oreilles du Seigneur de l'univers». 
Lettre de Saint Jacques

Déclaration

Depuis plusieurs mois, les sidérurgistes d’Arcelor-Mittal de Florange défendent avec une courageuse énergie leur outil de travail, qui est en même temps l’un des derniers grands symboles de la sidérurgie lorraine. Avec résolution ils se sont efforcés d'intéresser à leur cause l'opinion publique, en particulier les hommes politiques de tous bords. De nombreuses personnalités se sont rendues sur le site pour les soutenir et mieux comprendre leur combat.

Moi-même, à la demande du Conseil presbytéral du diocèse de Metz, j'ai rencontré leurs représentants en l'église d'Hayange le 17 mars dernier.

Pour l'heure, tout laisse à penser que la cause est perdue et qu'aucun haut-fourneau ne sera rallumé. Une fois de plus, la logique économique se sera imposée sans tenir compte des personnes et de l'histoire d'une région. Notre département en sera un peu plus meurtri.

Ce qui ajoute à ma tristesse, c'est qu'en l'affaire on n'a pas eu le courage de parler vrai plus tôt. Merci aux sidérurgistes de Florange pour leur combat, ils sont l'honneur de la Lorraine et de leur profession.
Le 28.09.2012
Pierre RAFFIN
Évêque de Metz