lundi 31 mars 2008

Bercy confirme une rencontre avec Gerdau, "aucune offre" présentée

AFP - Lundi 31 mars, 13h50
PARIS (AFP) - Le ministère de l'Economie a confirmé lundi que des dirigeants du groupe brésilien Gerdau, candidat à la reprise de l'aciérie ArcelorMittal de Gandrange, avaient été reçus à Bercy mais a indiqué qu'ils n'avaient présenté "aucune offre" lors de la rencontre.
La municipalité d'Amnéville (Moselle) a annoncé dimanche que le sidérurgiste Gerdau était candidat à la reprise de l'aciérie de Gandrange, où ArcelorMittal veut supprimer 595 emplois, et qu'un projet avait été présenté au ministère de l'Economie vendredi.
Mme Lagarde "confirme que (...) M. de Vasconcellos, vice-président du directoire du groupe Gerdau et M. Jainaga, directeur général de Sidénor (groupe sidérurgique espagnol contrôlé à 40% par Gerdau, ndlr) ont été reçus par son cabinet en compagnie de M. Grenaut, ancien directeur du site de Gandrange et de M. Stahl, chef de cabinet du maire d'Amnéville", indique le ministère dans un communiqué.
"A l'issue de ce rendez-vous, il a été recommandé au groupe Gerdau, qui n'a présenté à ce jour aucune offre de reprise, d'entrer directement en relation avec la direction du groupe ArcelorMittal, pour préciser, le cas échéant, ses intentions", est-il précisé.
Cette rencontre a eu lieu à la demande du maire d'Amnéville, "dans le cadre des différents contacts que le cabinet du ministre (...) a pu avoir, au cours des dernières semaines, avec des professionnels du secteur se déclarant intéressés par l'avenir du site de Gandrange", est-il précisé.
D'autres industriels, dont le groupe de sidérurgie Corus ou le ferrailleur allemand Scholz, ont également été reçus au ministère sur ce dossier, a-t-on ajouté dans l'entourage de Mme Lagarde.

dimanche 30 mars 2008

MITTAL valide le complot contre Gandrange !


Rien ne justifie une telle décision


Depuis l’annonce du 16 janvier, la CFDT, la CFE/CGC et le cabinet Syndex se sont mis à l’ouvrage pour construire une autre alternative aux fermetures de l’aciérie et du TAB. Ce travail acharné, construit et fouillé a été salué par beaucoup. Des experts économiques l’ont jugé crédible et viable. D’ailleurs, lors de la table ronde du 24 mars en Préfecture de Metz, Daniel Soury-Lavergne, Directeur Général ArcelorMittal France, a déclaré que le groupe partageait un certain nombre de points contenus dans le rapport. Il avançait même notre idée de faire des efforts conséquents en matière de formation, revendication importante de la CFE/CGC et CFDT.

Or, cerise sur le gâteau, le représentant d’AM affirmait qu’aucune décision définitive ne serait prise lors du CE du 4 Avril. Alors, pourquoi ce « foutage de gueule » ?

Mentir jusqu’au bout plutôt que de perdre la face

Malgré l’excellent travail des syndicats et de Syndex, malgré les nombreuses interventions des élus de la Vallée de l’Orne et de la Fensch et malgré « les promesses » de Nicolas SARKOZY, Mittal confirme la fermeture. Pourquoi ?
Il est évident, malheureusement, une fois de plus que la direction générale préfère mentir plutôt que de se dédire à la face du monde. Pour elle, il est impensable qu’elle puisse se tromper, il est inimaginable de faire marche arrière quitte à sacrifier plus d’un millier d’emplois et de condamner toute une Vallée.
Où est sa volonté « d’entreprise socialement responsable » tant vantée par ses dirigeants ? Que va-t-elle faire des dirigeants des Longs Carbone Europe (LCE) qui nous ont condamnés volontairement ? Avec eux à la tête de la société LCE les autres n’ont qu’à bien se tenir. Après Gandrange, à qui le tour ?
C’est clair, c’est évident, avec cette décision, Mittal se rend complice d’une cabale contre Gandrange et ses salariés.

C’est honteux, c’est machiavélique, c’est purement inadmissible !!!


Et maintenant, où sont les promesses de l’État ?

Souvenons-nous, lundi 4 février à l’aciérie de Gandrange, le Président de la République venu en « voyage de noces » annonçait devant plus de 400 sidérurgistes et tous les médias du monde : « avec ou sans Mittal, l’Etat investira à Gandrange ».
Bien sûr beaucoup n’y ont pas cru, d’autres un peu moins. Mais lorsque l’on est le Chef de l’État on n’a pas le droit de dire tout et n’importe quoi et encore moins de « jouer » avec le désarroi des travailleurs. Il est grand temps maintenant qu’il s’exprime et qu’il dévoile ses plans pour l’avenir de Gandrange. Cela fait 2 mois qu’une multitude de rumeurs circule dans tous les médias. Qu’en est-il réellement ?
Les intentions de Mittal sont maintenant connues, celles de Nicolas Sarkozy se font attendre. Alors, nous allons, nous-mêmes, aller les chercher. L’Etat doit annoncer son plan.

C’est maintenant ou jamais !
Ne plus attendre


Salariés de Gandrange, sous-traitants, intérimaires, toutes celles et ceux qui nous soutiennent depuis le début doivent se mobiliser.


La CFDT et la CFE/CGC organisent un grand rassemblement le

Jeudi 3 avril à 15h : Préfecture de Metz.



Nous irons exiger une réponse de l’État conformément aux promesses faites par le Président. Il doit agir et s’exprimer rapidement. Il doit le faire avant le CE du 4 avril et du Conseil d’Administration qui se réunira quelques jours plus tard pour valider définitivement la fermeture de l’aciérie et du TAB de Gandrange.
Ne manquez pas cet appel, il en va de notre avenir ! Tous à Metz le 3 avril !

PS : des bus seront mis à disposition, vous pouvez vous inscrire dès maintenant auprès de vos délégués CFDT et CFE/CGC, ou téléphoner au : 03 87 67 46 31 ou au 03 87 67 14 74.


DEVELOPPONS LE SITE DE GANDRANGE AVEC TOUS SES EMPLOIS DANS LE GROUPE ARCELORMITTAL !

jeudi 27 mars 2008

Mépris et langue de bois

Seconde Commission économique du 26 mars 2008

Voilà ce qui pourrait caractériser cette seconde réunion de la commission économique. Afin de dépasser le débat Franco-Allemand, cette réunion était prévue avec la présence de MM Renz et Urquijo ou tout autre responsable européen du groupe. Ce point avait été expressément demandé lors du CE du 14 mars.

Nous avons malheureusement pu constater que la Direction de Long Carbon Europe ou d’autres décideurs n’ont pas daigné débattre du projet alternatif avec vos représentants et les experts du cabinet Syndex !

Vos représentants sont atterrés par le mépris manifesté à leur égard par M.Webersinke. Celui-ci conteste les calculs faits par Syndex et déclare qu’ils sont faux. Syndex lui répond que ce sont ses raisonnements qui le sont … La bataille des chiffres s’est clôturée sur cet échange brutal ! Syndex a ensuite présenté le dispositif prévu par le plan alternatif. Le dispositif de formation a été exposé aux salariés lors de l’assemblée du 17 janvier à Gandrange.

M. Webersinke a même poussé le bouchon jusqu’à accuser les anciens salariés de Gandrange de refuser à passer leurs connaissances aux nouveaux embauchés. Un comble de mauvaise foi !

Une dernière partie de la réunion a été consacrée à présenter les investissements nécessaires principalement à l’Aciérie. Ce sont essentiellement des remises à niveau des outils pour rattraper le manque d’investissements de ces dix dernières années. Nous avons relevé toutes les contradictions dans le discours de M.Webersinke. Hier, c’était de nouveau le four électrique qui était le problème numéro un de Gandrange. Lors de la commission économique du 8 octobre 2007, pour ce Directeur, c’était le service au client et la qualité des produits qui étaient la cause principale des problèmes de Gandrange !

M. Webersinke a poussé le mépris à l’égard de vos représentants jusqu’à téléphoner en pleine séance sans même s’excuser. Face à cette attitude inacceptable, vos représentants ont décidé de lever la séance…

Table ronde chez le Préfet

Table ronde en Préfecture

Une seconde table ronde a rassemblé le 25 mars à la préfecture de région l’État, la Direction d’ArcelorMittal, les Élus, les organisations syndicales.

La table ronde a commencé avec la présentation par Syndex du projet alternatif. Les grandes lignes de ce projet sont maintenant bien connues :

  • Un investissement majeur dans la formation des nouveaux embauchés.
  • Un recentrage sur quatre métiers.
  • Des investissements dans les outils.
  • Une remise en cause du management de LCE et du site.


Le retour à l’équilibre, si le projet alternatif est adopté, se ferait dès fin 2009. Le projet alternatif, basé sur un diagnostic pertinent, a été jugé sérieux par toutes les parties en présence. La Direction a même noté qu’il propose une solution globale pour l’avenir de Gandrange.

Par ailleurs, en ce qui concerne l’autre projet dont certains se font l’écho, il n’a même pas été évoqué.

Daniel Soury-Lavergne, Directeur Général ArcelorMittal France, a déclaré, qu’aucune décision ne sera annoncée au CE du 4 avril. La décision finale sera prise lors du prochain conseil d’administration de la société ArcelorMittal Gandrange.

Le CE du 4 avril sera consacré aux réponses aux nombreuses questions des organisations syndicales sur le livre 4 et au recueil des avis sur le projet proprement dit. La Direction a annoncé que le Livre 4 serait modifié. Il sera transmis, ainsi que les réponses au projet alternatif, pour information consultation, aux organisations syndicales.

Formation et Investissements :

La Direction a lourdement insisté sur les investissements qu’elle projette de réaliser sur les sites de Florange, Fos et Dunkerque (800 M€ en 3 ans). Elle a été beaucoup plus discrète sur les manques d’investissements à Gandrange sur les dix dernières années.

La Direction commence aussi à s’inquiéter de la formation nécessaire, pour les nouveaux embauchés, dans les prochaines années sur l’ensemble de ses sites en France suite à nombreux départs en retraite de ces prochaines années. La Direction aurait, semble-t-il, tiré les conclusions du désastre qu’elle a provoqué à Gandrange.

Le Préfet de région a confirmé que les messages passés par les syndicats seront remontés à l’Élysée et que le Président de la République interviendra à nouveau sur le dossier dans les prochaines semaines.

Dialogue de sourds

Commission économique du 20 mars 2008

Bataille d'experts et dialogue de sourds, voilà ce qui résume le mieux la commission économique qui s'est tenue le 20 mars avec le représentant de la Direction de LCE (Long Carbon Europe) M. Webersinke. La commission a duré 3 heures. Durant une grande partie de la réunion, la Direction a critiqué les chiffres avancés par l'expert du CE en argumentant volontairement sur des bases de calcul différentes.

Une nouvelle commission a été reprogrammée le 26 mars, toujours à Luxembourg, pour terminer la bataille des chiffres. L'expert du CE préparera d'ici là une autre présentation des chiffres pour faciliter le dialogue avec la Direction. La seconde partie de la réunion a été consacrée à débattre de la proposition du projet alternatif consistant à placer Gandrange sur quatre métiers (Forge, Etirage, Tréfilage et Béton). L'expert ainsi que les organisations syndicales ont essayé de démontrer à la Direction qu'une aciérie électrique comme celle de Gandrange DOIT avoir une partie (20% dans le projet alternatif) de son carnet consacré au marché de la construction.

D’ailleurs, M. Webersinke a reconnu que techniquement parlant ce raisonnement se tenait. Les deux principales raisons sont : le dynamisme actuel et futur de ce marché et surtout une amélioration dans la maîtrise des résiduels dans les aciers et donc du fonctionnement de l'aciérie. La maîtrise des résiduels est un point clé pour faciliter la programmation d'une aciérie électrique. Selon l'expert du CE, la production de ces 220 000 T d'aciers pour la construction serait pour ainsi dire gratuite dans une aciérie comme Gandrange ! De plus, ArcelorMittal Gandrange se positionnerait ainsi parfaitement dans la stratégie commerciale des produits longs du Groupe. M. Webersinke a nié l'évidence jusqu'au bout, Nous osons espérer que c'est uniquement une manifestation de sa mauvaise foi...

vendredi 14 mars 2008

Le contre-projet du CE


Débattu ce matin voici le contre-projet du CE et de l'intersyndicale CFDT CFE-CGC.
Ce projet complet a été étudié et élaboré par le Cabinet Syndex qui participe depuis près de 20 ans aux analyses économiques annuelles de Gandrange.

Pour lire le document dans son intégralité, un click de souris sur le titre de cet article suffit pour l'ouvrir dans le format "PDF".



Grandes manœuvres à Gandrange

Trop de sauveteurs vont-ils tuer le sauvetage ? Un mois après la visite tonitruante de Nicolas Sarkozy à l’usine de Gandrange, en Moselle, que la direction du groupe ArcelorMittal souhaite amputer de la moitié de ses effectifs, c’est au tour de Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, de venir aujourd’hui sur les terres de la sidérurgie agonisante. Un hasard de calendrier, explique-t-on côté cégétiste, mais un heureux hasard, puisque c’est ce matin, précisément, que se tient le comité d’entreprise devant se prononcer sur le contre-projet syndical pour sauver l’usine.

Mais entre l’énergique Président, l’encombrant secrétaire général de la CGT, et la pluie de médias qu’attirent ces déplacements de Parisiens, les autres syndicats ont vu rouge. Par peur de n’être pas entendus, entre une éventuelle déclaration présidentielle cette semaine et la venue de Thibault aujourd’hui, la CFDT et la CGC ont décidé de dévoiler, avec vingt-quatre heures d’avance, le contre-projet syndical, issu du cabinet d’expertise Syndex, «dûment mandaté par le Comité d’entreprise [CE]». «On n’a pas le droit de le faire, mais tant pis. Si on ne disait rien, on se serait fait manger par la CGT», expliquait hier un syndicaliste de la CGC.

Formation. Les deux syndicats ont donc réuni, hier, des journalistes dans un restaurant proche de l’usine, dont le nom a été tenu secret jusqu’au dernier moment. Ce plan du comité d’entreprise est destiné à contrer les 600 suppressions d’emplois envisagées par le PDG Lakshmi Mittal. Il se veut avant tout modeste. A la différence du projet de la CGT, qui avance le chiffre de 140 millions d’euros d’investissements pour sauver l’usine, les deux autres syndicats proposent de s’en tenir à 40 millions pour remettre le site en état, et 5 millions pour la formation des jeunes embauchés, dont le manque d’expérience serait une des premières causes de déclin du site. Un projet «simple et efficace», selon Edouard Martin, élu CFDT au comité d’entreprise européen, qui vise à l’amélioration des infrastructures existantes, l’augmentation de la production, la formation en tutorat pour les jeunes et le recentrage de la production sur quatre métiers. «Avec ce scénario, l’expert de Syndex dit que le site peut revenir à l’équilibre en 2009», explique Pierre-Claude Sutter de la CGC.

Reste que le projet CFDT-CGC, même dévoilé en avant-première, va devoir affronter la concurrence. Tout d’abord celle du plan initial de la direction, qui n’est autre que de fermer l’acierie et le train à billettes (cylindres de métal), pour ne conserver que le laminoir et le centre de recherches, entraînant la suppression de 595 emplois sur 1 100. «Un plan rédigé, uniquement à charge, par les dirigeants allemands du groupe, pour récupérer la production dans leur pays, sur leur site de Duisburg, accuse Edouard Martin. Pour preuve, dans leurs projections financières, ils se sont basés sur un prix de l’électricité issue du privé, donc très cher, alors qu’ArcelorMittal est revenu au tarif EDF. La différence, c’est près de 8 millions d’euros.»

Plan B. Deuxième concurrent : la CGT, donc, qui a sorti son propre plan, le 5 mars, préconisant d’injecter entre 130 et 142 millions d’euros, notamment pour la construction d’un nouveau four, tout en faisant appel à un éventuel repreneur. Elle reconnaît aujourd’hui que son projet n’est qu’un plan B, à faire valoir en cas de refus du plan du CE par la direction.Troisième acteur : le président de la République himself, venu le 4 février proposer l’aide improbable de l’Etat, «soulevant de grands espoirs», selon un cédétiste, avant de provoquer «une grosse déception, car les gens d’ici n’ont toujours rien vu venir». Reste la piste d’un éventuel repreneur extérieur. Mais outre que Mittal n’est pas vendeur, «nul industriel ne s’est déclaré officiellement pour l’instant», explique Edouard Martin. Bref, entre les Allemands, la direction, la CGT et l’Elysée, le projet officiel du comité d’entreprise essaie de se frayer un chemin. Il sera fixé sur son sort le 28 mars.

Envoyé spécial à Gandrange LUC PEILLON
Libération: vendredi 14 mars 2008

Thibault: Il faut "contraindre" Mittal à poursuivre l'activité

Le secrétaire général de la CGT a exorté le PDG d'ArcelorMittal à poursuivre l'activité dans l'usine de Gandrange où 595 emplois sont menacés.

Le secrétaire général de la CGT est venu soutenir les ouvriers du site mosellan, au moment où le comité d'établissement examine les différents contre-projets. (afp)
"Il faut contraindre ArcelorMittal à ne pas fermer Gandrange au nom du taux de rentabilité industrielle et au détriment de l'avenir industriel de la Lorraine", a déclaré Bernard Thibault en venant soutenir sur place les salariés du site. Interrogé sur l'action des pouvoirs publics concernant l'usine mosellane et plus précisément sur celle de Nicolas Sarkozy en matière industrielle, M. Thibault a lâché: "Ce n'est pas parce qu'il (le président) parle de politique industrielle, qu'il y en a une".

Le secrétaire général de la CGT a fait ces déclarations alors que le comité d'établissement de l'usine mosellane devait examiner dans la journée deux "contre-projets industriels" présentés l'un par la CFDT et la CFE/CGC et l'autre par la CGT.


Contre-projets entre 40 et 120 millions d'euros
Le contre-projet de la CFDT et de la CFE/CGC, syndicats majoritaires à Gandrange, nécessiterait 40 millions d'euros d'investissement pour restreindre le nombre de produits fabriqués sur le site qui serait recentré sur quatre métiers de l'aciérie, contre sept actuellement. Avec une production remontant à 1,15 million de tonnes, contre moins de 900 000 tonnes aujourd'hui, l'équilibre serait atteint "fin 2009" et le retour sur investissement, "très rapide", interviendrait "environ dans trois ans", selon ces syndicats.

Le contre-projet de la CGT imagine une poursuite de l'activité du site mosellan "avec ou sans" ArcelorMittal, avec un investissement de 110 à 120 millions d'euros dans la construction d'un nouveau four électrique "tout ferraille". ArcelorMittal a annoncé en janvier un plan de réorganisation de Gandrange qui prévoit l'abandon d'ici à avril 2009 de l'aciérie électrique et la suppression de 595 des 1.108 emplois de l'usine spécialisée dans les aciers longs, le segment le plus profitable de la métallurgie.
L’Essentiel (GDL)

jeudi 13 mars 2008

Les syndicats de l'usine précisent leurs contre-projets

Les élus de l'usine lorraine d'ArcelorMittal devraient présenter très bientôt les détails du contre-projet préparé avec le cabinet d'expertise Syndex. Le leader mondial de l'acier s'est donné jusqu'à début avril pour étudier leurs propositions.

Le dossier Gandrange revient sur le devant de la scène. Aujourd'hui, les représentants des salariés de l'usine d'ArcelorMittal se réunissent avec le cabinet d'expertise Syndex pour préparer le comité d'entreprise qui a lieu le lendemain. Les élus CFDT et CFE-CGC pourraient ensuite publier les détails du contre-projet qu'ils doivent présenter officiellement vendredi à la direction. Ce sera l'occasion de le comparer avec le projet alternatif présenté la semaine dernière par la CGT, qui a quitté l'intersyndicale. Les éléments préparés par le cabinet d'expertise Syndex sont très attendus par la direction de l'entreprise. ArcelorMittal a annoncé mi-janvier la fermeture partielle de ce site basé en Moselle, ainsi que le reclassement, sur ses autres sites lorrains, des 600 employés menacés par le plan de restructuration. Sous la pression politique et des syndicats, le leader mondial de l'acier s'est toutefois engagé à « étudier des propositions alternatives viables avec les syndicats jusqu'au début du mois d'avril ».

Les résultats de l'expertise sont aussi très attendus par l'Elysée, le dossier ayant pris une tournure très politique depuis la rencontre entre Lakshmi Mittal et Nicolas Sarkozy, fin janvier, et la visite éclair du président de la République à Gandrange, le 4 février. Entre les deux tours des municipales, une réaction de l'Etat n'est pas à exclure. Une chose est sûre, le président s'étant emparé du dossier, il devra tôt ou tard fournir le « service après-vente », selon un observateur.

Les détails du contre-projet sont restés secrets jusqu'au dernier moment, mais ses grandes lignes sont connues depuis le début des discussions. Elles reposent sur une hypothèse : celle du maintien de l'usine au sein du groupe ArcelorMittal. Elles prévoient un investissement de modernisation d'une quarantaine de millions d'euros, un recentrage du carnet de commandes et un effort de formation. L'entreprise n'ayant pas anticipé les départs en retraite, elle se retrouve avec quelque 400 jeunes recrues qui manquent de savoir-faire.

Zaleski attentif au dossier
De son côté, la CGT, dont le secrétaire général, Bernard Thibault, se rendra vendredi à Gandrange, envisage la construction d'une nouvelle aciérie et des investissements de 130 millions à 140 millions d'euros. « Cette stratégie pourrait heurter frontalement la stratégie d'ArcelorMittal », reconnaissent les auteurs de cet autre contre-projet, qui préconisent du coup une cession du site. Pragmatique, la direction du groupe n'a jamais exclu officiellement une vente, mais ce n'est pas du tout son scénario privilégié.

Sans attendre son avis, des candidats se sont déjà manifestés. C'est le cas de l'investisseur Romain Zaleski, actionnaire d'ArcelorMittal, qui a même quitté le conseil d'administration du groupe « afin de pouvoir agir en pleine liberté dans ce dossier », selon sa lettre de démission dont disposent « Les Echos ». A ce stade, le sidérurgiste n'a pas répondu à sa demande de visite du site lorrain par ses équipes. D'autres repreneurs potentiels existeraient, mais ils ne sont pas sortis du bois. La décision finale revient évidemment à Lakshmi Mittal. Mais les syndicalistes comptent avant tout sur la pression politique. Lors de sa visite à Gandrange, Nicolas Sarkozy avait déclaré que son idée, « c'est que l'on essaie de faire avec vous ce qu'on a fait avec Alstom »
13/03/08 Les Echos

mercredi 12 mars 2008

Mittal avait prévu de restructurer Gandrange

Lakshmi Mittal avait prévu de restructurer l'usine de Gandrange dès décembre 2005
12/03/2008Par Auteur: Mathieu Magnaudeix

Cette semaine doit être décisive pour l'avenir de l'usine ArcelorMittal de Gandrange (Moselle) dont la fermeture partielle a été annoncée en janvier par la direction du premier sidérurgiste mondial. Selon notre enquête, la CGT négocie avec d'éventuels repreneurs, et le groupe Mittal envisageait depuis déjà deux ans de se désengager du site, après avoir interrompu tout investissement significatif.

A la fin de la semaine, les salariés d'ArcelorMittal Gandrange en sauront peut-être un peu plus sur leur avenir. Après l'annonce, mi-janvier, de la fermeture partielle de cette usine qui emploie un millier de salariés dans la vallée de l'Orne, à une trentaine de kilomètres de Metz, le rapport de l'expert-comptable doit être présenté à la direction de l'usine vendredi 14 mars. Le jour même, le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault est attendu sur place où il doit rencontrer le patron du site, Bernard Lauprêtre.

Depuis l'annonce de cette fermeture, le sort de Gandrange a pris un tour très symbolique. Le 4 février, le président de la République s'était rendu sur place. Invoquant devant les salariés le sauvetage d'Alstom qu'il avait mené quand il était ministre de l'économie, Nicolas Sarkozy avait alors affirmé que l'Etat était "prêt à prendre en charge tout ou partie des investissements nécessaires (...) quel que soit le propriétaire, car notre objectif c'est de garder des usines ouvertes en France (...) Soit nous arrivons à convaincre Lakshmi Mittal, le patron d'ArcelorMittal, et nous investirons avec lui, soit nous trouvons un repreneur, et nous investirons avec lui".

Après cette visite, Lakhsmi Mittal avait accepté d'étudier le rapport que Syndex, cabinet d'expertise proche de la CFDT, présentera le 14 mars. De son côté, la CGT, qui ne se fait guère d'illusions sur les suites qui seront données à ce rapport, a rompu l'intersyndicale et mandaté son propre expert, EVS, un bureau dirigé par Didier Guyot, ancien collaborateur mais toujours associé d'Alpha-Secafi, le cabinet d'expertise proche de la CGT. La semaine dernière, EVS a présenté aux journalistes son propre rapport, dans lequel il prétend que le site de Gandrange est viable. Mais à condition d'investir au moins 150 millions d'euros.

Romain Zaleski, repreneur déclaré
Avec la bénédiction de l'Elysée, les responsables locaux de la CGT, qui ne veulent pas dépendre du bon vouloir de Lakshmi Mittal, ont par ailleurs contacté des repreneurs potentiels. Parmi les candidats pressentis, Ascométal (filiale du russe Severstal), l'Allemand Saarstahl, concurrent direct de Gandrange, et le sidérurgiste Corus (groupe Tata Steel). Selon nos informations, des représentants de la CGT ont rencontré en fin de semaine dernière le patron du site lorrain de Corus. Mais une source proche de la direction, tout en refusant de commenter l'information, rappelle que "les axes prioritaires de Corus sont en Asie et en Europe de l'est".

Le seul candidat déclaré est Romain Zaleski, patron de l'aciériste italien Carlo Tassara. La semaine dernière, "Monsieur Z" - son surnom en Italie- a même démissionné du conseil d'administration d'ArcelorMittal pour étudier une reprise du site. Cet abandon de poste ressemble fort à un lâchage en règle : en 2006, Romain Zaleski avait soutenu l'OPA hostile de Mittal contre Arcelor, aux côtés du milliardaire breton François Pinault.

Pour l'instant, Lakhsmi Mittal n'est toujours pas officiellement vendeur. Il lui est, en effet, difficile de céder un site dont il avait fait un modèle au moment de son OPA réussie sur Arcelor. Au printemps 2006, en pleine bataille médiatique et boursière pour prendre le contrôle du numéro un mondial de l'acier Arcelor, Lakhsmi Mittal avait justement convié la presse à Gandrange. Alors quasiment inconnu en France, Mittal avait vanté les mérites de sa propre gestion : plusieurs centaines d'embauches, retour aux bénéfices, hausse de la production... Cette mise en avant du seul site qu'il possédait alors en France avait été largement utilisée par ses communicants pour crédibiliser son offre de rachat d'Arcelor.

Réels, ces faits étaient pourtant partiels. L'usine, bénéficiaire en 2004, est retombée dans le rouge au deuxième semestre 2005. En réalité, depuis qu'il a racheté en 1999 pour un franc symbolique l'établissement à Usinor, l'ancêtre français d'Arcelor, Lakhsmi Mittal a très peu investi. Selon des chiffres communiqués aux syndicats par la direction, les investissements, des réparations pour l'essentiel, n'ont pas dépassé les quelques millions d'euros par an , ce qui a contribué à accélerer l'obsolescence d'un outil industriel déjà pénalisé par une aciérie électrique qui n'a jamais bien fonctionné.

Les embauches massives de jeunes salariés, rendues nécessaires par une pyramide des âges vieillissante, ne se sont pas accompagnées d'un plan de formation à la hauteur. Jean-Claude Sutter, délégué CFE-CGE, chiffre ainsi à 76000 le nombre d'heures de formation qui font défaut. "Selon nos estimations, pour rattraper le retard, il faudrait entre un an et demi et deux ans, à raison de 50 personnes en permanence détachées de la production pour se former", dit-il.
Le projet de restructuration date d'il y a deux ans
Lakshmi Mittal, dès décembre 2005, avait d'ailleurs indiqué à des dirigeants d'Arcelor son intention de restructurer l'usine mosellane. "Un mois avant que Lakshmi Mittal ne lance son OPA sur Arcelor, des dirigeants de Mittal Europe sont venus nous consulter, affirme à Mediapart un ancien cadre d'Arcelor sous le sceau de l'anonymat. Ils voulaient voir avec nous comment arrêter un des laminoirs, le train à fil de Schifflange. Ils avaient en effet lancé la construction d'un outil similaire en Allemagne".

Cette installation, installée de l'autre côté de la frontière au Luxembourg, fait partie intégrante du dispositif industriel de Gandrange. En 2005, elle appartenait à Lakshmi Mittal, mais le personnel était encore sous statut Arcelor, en vertu d'un vieil accord signé en 1993 : les dirigeants de Mittal devaient donc prévenir ceux d'Arcelor avant toute décision. Selon cet ancien d'Arcelor, arrêter ce laminoir revenait en fait à entamer une restructuration du site. "Le laminoir de Schifflange représente près de la moitié de la production de Gandrange, son arrêt aurait eu des conséquences importantes sur l'activité", assure-t-il.

A l'époque, la direction de Mittal avait confirmé à un syndicat luxembourgeois qu'elle envisageait une fermeture. Mais le groupe détenu par Lakshmi Mittal venait déjà, à la grande surprise des dirigeants d'Arcelor, de lancer son OPA hostile, qui allait être couronnée de succès cinq mois plus tard. "C'est l'OPA de Mittal sur Arcelor qui a provisoirement sauvé Gandrange", commente ce dirigeant, par ailleurs dubitatif quant à l'avenir du site.
"Cette usine n'est pas performante, ajoute-t-il. Comment expliquer qu'elle ne gagne pas d'argent - l'usine a perdu 36 millions d'euros en 2007 - alors que les usines similaires d'ArcelorMittal affichent de belles performances? Sa production est insuffisante - moins d'un million de tonnes aujourd'hui-, et trop milieu de gamme." Selon ce très bon connaisseur de l'usine, il faudrait "au moins réduire les effectifs de moitié".

De leur côté, les deux experts, EVS et Syndex, affirment au contraire que le site peut être viable à condition que des investissements massifs soient réalisés : formation, remise de l'outil industriel à niveau (entre 40 et 150 millions d'euros, selon les différents scenarii), réorientation de la production vers de plus grandes séries, refonte du management jugé défaillant. Une fois le rapport présenté, Lakhsmi Mittal aura jusqu'au 3 avril pour dire s'il accepte de suivre ses recommandations. Entre-temps, les salariés de Gandrange espèrent que l'Elysée se sera manifesté. Lors de sa visite, Nicolas Sarkozy n'avait-il pas promis de revenir?

lundi 10 mars 2008

Projet de l'Intersyndicale

Les syndicats CFDT et CFE-CGC,

présenteront le seul projet alternatif officiel

aux salariés de Gandrange,

aux élus et à la presse

le lundi 17 mars 2008 à 17 h

à la salle des fêtes de Gandrange.

Venez nombreux !


Le projet alternatif préparé par l’intersyndicale CFDT et CFE-CGC et validé par l’expert comptable du CE est enfin prêt. Il sera présenté à la Direction au cours du CE du vendredi 14 mars. Ce projet démontre que l’usine de Gandrange est viable si ArcelorMittal :

  • Investit dans l’outil
  • Forme le personnel nouvellement embauché.

Le projet alternatif est construit autour des axes principaux suivants :

  • La mise en place d’une véritable Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.
  • Un management du site pour mettre en œuvre le projet.
  • Une orientation vers des produits du LCB à forte valeur ajoutée.
  • Des investissements pour pérenniser et fiabiliser l’aciérie, le TAB et le LCB.

mercredi 5 mars 2008

Tout est dans le "bling-bling"

Nous connaissions le Président bling-bling et son cortège de frasques pour faire parler de lui. Pour lui, il est l'alpha et l'oméga de la politique. En dehors de lui point de salut, il est le cerveau, la raison et le coeur du pays. Il est Dieu.

Donc, voici maintenant le syndicalisme bling-bling. Apparemment vexés de ne pas être, cette fois-ci, les « dieux » de l'actualité, les membres du Codeg ne manquent pas, eux non plus, de frasques pour reprendre le dessus. Ils ne tolèrent pas de ne pas tenir tous les tenants et les aboutissants du dossier « Gandrange ». Comment !? Les salariés, les élus, la presse et les autres syndicats n'ont pas vu, n'ont pas remarqué le « Génie » du Codeg ? Quel affront de la part de tels goujats ! Ce ne peuvent être que des cancres et des « mécréants » pour ne pas reconnaître les « enfants » de Dieu.

Dire qu'ils ont la solution à tous les problèmes de la situation, que eux seuls savent car ils sont la quintessence même du savoir, ce qui est bon ou pas pour le peuple, ce sont eux et personne ne le remarque ! En plus, ils ont osé voté, y compris la CGT, un expert au CE pour qu'il mène un travail de contre-projet industriel pour le maintien du site au sein d'ArcelorMittal. Mais de quel droit ont-ils fait ça ? Quelle légitimité peut bien avoir un CE ? Ce choix est intolérable et le Codeg va leur montrer de quoi il est capable. Non, décidément les temps ne sont plus ce qu'ils étaient. Les gandrange ne savent pas ce qu'ils perdent, ils ne connaissent pas la capacité du Codeg à faire mieux que tous les autres. Il y avait Omo qui lavait plus blanc que blanc voici le Codeg qui sait mieux que le mieux des mieux. Ah bon, ça existe ? Si, si, on vous assure, c'est vrai puisqu'ils l'ont dit à la presse et en plus ils ont rendu leur copie une semaine avant tout le monde. Et dire que ceux-là même qui ont présenté ce fameux projet aujourd'hui ont crié comme des malades prétextant que l' accord de méthode ne donnait pas suffisament de temps pour travailler sur le contre-projet. C'est vous dire l'exploit qu'ils ont accompli. On vous le dit ils sont béni par les dieux. Ouais, mais personne ne le savait. Maintenant, tout le monde le sait, enfin.
C'est vraiment fort, ils ont raison au Codeg, pourquoi avoir désigné un expert qui aura travaillé plus de 2 mois alors que eux ils ont commencé plus tard et fini avant. Ils sont bêtes, hein, ceux qui voulaient du temps, hein, ils sont bêtes ? Mais bon sang, mais c'est bien sûr ! On sait enfin, nous avons la révélation ! Le Codeg, eh ben, ils vont faire comme pour Longwy. Ils existaient déjà en 1998, à travers un Comité de défense. Parait-il qu'ils avaient même créé un Comité de Vigilance pour garder le TAF de Longwy en bon état car un repreneur devait venir l'acheter pour continuer à produire.

Et oui, les repreneurs du Codeg sont comme l'Arlésienne. Tout le monde en parle mais personne ne l'a jamais vu. A Longwy non plus, ils ne l'ont jamais vu. Les vigiles ne devaient pas être très bons car depuis, le TAF a disparu et personne n'a rien vu non plus sur ce coup là.

Décidément, que ce soit au Codeg ou en Sarkosie, tout est bon pourvu que ça fasse « bling-bling ».

Les Invisibles d'ArcelorMittal

Les invisibles d'ArcelorMittal
LE MONDE du 05.03.08
Il a du panache, Renato. Il sait bien que le printemps lorrain sent le roussi. Que l'aciérie de Gandrange, en Moselle, est menacée de disparition. Lui qui témoigne sous un prénom d'emprunt sait bien que les gens comme lui, petits soldats de la sous-traitance, risquent d'être rayés de la carte, sans filet de protection. Et ce contrairement aux "salariés directs" de la société ArcelorMittal, qui, en cas de fermeture, auront droit à un plan de reclassement. Eux, les invisibles, ils n'auront rien. Même pas les miettes.

Il sait aussi qu'à son âge, la cinquantaine passée, il ne vaut plus très cher sur le marché de l'emploi. Il sait tout ça, Renato. N'empêche. Vous arrivez chez lui, c'est un début d'après-midi pluvieux, et il vous lance, tranquille : "Champagne ou café ?"

Ce natif de l'ancien bourg minier de Moyeuvre, proche de Gandrange, a passé toute sa vie au volant des camions et des engins de chantier. Un univers que ce grand costaud "adore". Il a même emmené son épouse, une fois, pour qu'elle essaye un de ces monstres. Il l'a prise en photo, juchée sur une pelleteuse. "Regardez les engins, ils sont nickel. Nettoyés, entretenus. Impeccables, rayon sécurité. Forcément : on les changeait tous les deux ans", dit-il fièrement.
Sur la toile cirée de la table de la salle à manger, il a posé des mugs, un Thermos de café, une boîte de chocolats. Des casseroles en cuivre sont suspendues au mur de la cuisine, alignées comme à la parade. Les photos du chantier datent des années 1970. A l'époque, Renato travaillait du côté de Pont-à-Mousson, pour une société de travaux publics.

"Le boulot, j'y allais par plaisir. Le patron venait une fois l'an, en Porsche. Mais il savait nous écouter, se rappelle le conducteur d'engins. On était 25 gars à plein temps. Les deux ou trois bras cassés de la bande, on leur trouvait toujours un truc à faire. Tout le monde se sentait utile." A un moment, il a été promu chef de chantier. "J'étais comme qui dirait le numéro 3 de la boîte. Avec une voiture de fonction et un très bon salaire - plus de 3 000 euros par mois ! J'ai pu mettre des sous de côté. Avec mon épouse, qui travaillait encore, on a réussi à acheter la maison."

Aujourd'hui, Renato serre les dents. Son âge d'or est loin. Il a déjà connu "des hauts et des bas", des périodes de chômage aussi. Mais celle qui se profile est la plus terrible de toutes. C'est sa femme qui insiste pour qu'on ne donne pas son vrai prénom, de peur qu'il soit montré du doigt par la suite. "J'ai encore huit années à tirer avant la retraite", lâche-t-il, en pâlissant soudain.

Bientôt midi, sur le site de Gandrange. Ce pourrait être une scène de La Guerre des étoiles, façon crassier : rugissant parmi les monceaux de boue noire, la chargeuse, un engin haut sur pattes, avec des roues géantes, gainées d'une résille de ferraille, pénètre en cahotant à l'intérieur de l'aciérie et s'approche de la coulée. Plongeant son nez dans le magma en fusion, l'engin emplit de scories fumantes l'énorme godet qui lui sert de pelle, comme ferait un enfant dans le bac à sable... Puis la chargeuse ressort à l'air libre et déverse son butin incandescent sur le tas de déchets - qui seront, plus tard, concassés et recyclés.
"Les gars connaissent le danger : dans le ventre de leur engin, il y a 400 litres de fioul et plus de 200 litres d'huile. Ils n'ont pas intérêt à ce que le moteur cale, alors qu'ils sont à l'intérieur...", commente Dominique Sabatheny, chef d'atelier chez AB Serve, la société de sous-traitance qui emploie Renato.

Quand la direction d'ArcelorMittal a annoncé, le 16 janvier, que la plus grande partie du site de Gandrange allait être fermée, "ça a été un coup de massue", explique le chef d'atelier, âgé de 45 ans. Certains ont eu des insomnies, des crises d'angoisse. Chez lui, à la maison, sa petite fille de 11 ans a posé à voix haute la question que toute la famille a désormais en tête. "Elle m'a dit : "Mais alors, papa, ça veut dire que tu n'auras plus de travail ?" Je l'ai rassurée comme j'ai pu..." A l'atelier de réparation, l'ambiance s'est brusquement tendue. "Les gars sont devenus super-nerveux, ils prennent la mouche pour un rien", dit encore le chef d'atelier. Lui-même, qui travaille chez AB Serve depuis dix ans, espère que la direction de l'entreprise, en cas de malheur, lui proposera quelque chose d'autre, "même si je dois un peu m'égarer dans mon métier". En clair : ne pas faire le travail de mécanicien chevronné qu'il a exercé jusque-là. Sinon ? Il fera comme tout le monde. Il ira voir chez les voisins, au Luxembourg, où le marché du travail est, dit-on, un peu moins déprimé qu'ici. La Lorraine ne représente-t-elle pas 12 % des emplois industriels perdus en France depuis 2000, selon les estimations publiées par le syndicat CFDT - majoritaire sur le site de Gandrange ?

Si la direction du groupe ArcelorMittal confirme son intention de fermer le site, plus de la moitié des quelque 1 000 "salariés directs" de Gandrange, près de 600 personnes, devraient perdre leur emploi à l'aciérie. Seuls un centre de recherche et un laminoir à fil resteraient en fonction. La décision de la direction doit être annoncée officiellement le 4 avril.

Entre-temps, un contre-projet syndical, prévoyant le sauvetage de l'aciérie, va lui être soumis le 14 mars. Ce contre-projet prône le maintien de "tous les emplois" du site de Gandrange. C'est-à-dire en incluant les "salariés indirects" des entreprises de sous-traitance : environ 700 personnes à l'échelle de la région, parmi lesquelles "de 400 à 500 sont régulièrement présentes sur le site", précise le responsable cédétiste Edouard Martin. "L'acier ne s'est jamais aussi bien vendu à travers le monde", plaide-t-il, rappelant au passage le "bénéfice record" engrangé en 2007 par le groupe de Lakshmi Mittal : 7,5 milliards d'euros.

De quoi donner le vertige aux travailleurs d'AB Serve ! Chez Raphaël, la petite trentaine, embauché il y a quelques mois comme mécanicien, le budget a toujours été serré. C'est Fanny, sa jeune épouse, qui veille au grain. La petite famille (le couple a deux enfants, âgés de 4 et 9 ans) doit se débrouiller avec les 1 600 euros de salaire de Raphaël. Le loyer est exorbitant : 600 euros plus les charges, pour un F3 suintant l'humidité. S'ajoutent les frais de transport : pour aller à Gandrange, Raphaël doit utiliser sa propre voiture, malgré les promesses d'un véhicule de fonction. "On est un peu angoissés, des fois. Mais il ne faut pas s'arrêter là-dessus", tempère le jeune homme. Fanny, solide blonde au beau sourire, approuve d'un hochement de tête.
Tous deux sont d'accord pour ne pas inquiéter les petits : "Ils savent qu'on ne roule pas sur l'or, pas la peine d'en rajouter. Il faut qu'ils restent dans leur monde." D'accord aussi pour attendre avril et la décision de Mittal, avant de trouver un logement moins cher où déménager. "On attend le chèque final !", plaisante Raphaël. Economiser est déjà une gymnastique permanente. "Pour acheter à manger, on va en Belgique : c'est moins cher ; pour l'essence et les cigarettes, au Luxembourg ; pour les vêtements et l'informatique, en Allemagne. C'est l'avantage d'être frontalier !", s'amuse le jeune mécanicien, qui connaît, au centime près, le tarif des carburants.
Le soir, les enfants dînent de céréales et de lait. "A midi, par contre, on leur fait toujours un vrai repas", insiste Fanny. "Le salaire de Raphaël, on n'a que ça qui rentre, ajoute la jeune femme. Déjà, je calcule tout : la nourriture, les frais d'école, les sorties, les cigarettes... Comment on va faire après ?" Raphaël tente de la rassurer : "Si ça ferme, je vais me bouger. J'ai de bons contacts dans des boîtes d'intérim, ça me sortira de ma galère."

Mécanicien lui aussi, Cédric, 24 ans, pas plus que Raphaël, ne veut penser qu'un jour il puisse se retrouver au chômage. Même si la décision de fermeture du site est prise en avril, elle ne sera pas effective avant début 2009, rappelle le jeune homme, délégué du personnel d'AB Serve : "Pour le moment, on vit au jour le jour. On a encore un an de travail." Cédric, lui aussi, vit en couple. Barbara, sa compagne, n'a pas d'emploi salarié : elle s'occupe de leur bébé, né il y a quelques mois. "On essaye de mettre un peu d'argent de côté. Et on reporte certaines dépenses à plus tard", expliquent-ils.
Celles qu'occasionnerait leur mariage, par exemple. "On a repoussé la date", précise Cédric. Le bébé sur les genoux, Barbara sourit. "Je voudrais un mariage à l'antillaise, avec un grand buffet et une belle décoration, des madras, des plantes vertes... Comme là-bas", dit-elle, en faisant allusion à la Martinique natale de Cédric.
Elle, elle est de Lorraine. "Mes racines sont ici", ajoute-t-elle, en montrant le ciel lourd, qui noircit la fenêtre de leur appartement HLM d'Amnéville, l'une des communes longeant, comme Gandrange, le site immense de l'aciérie.

"Avant, toute la vallée de l'Orne était bordée d'usines. On les a vu fermer les unes après les autres. Avec elles, c'est la vie qui est partie : ça fait mal au cœur !", s'exclame l'une des trois employées de la boulangerie de Gandrange. "On a beaucoup d'ouvriers parmi les clients. Si jamais l'aciérie ferme, on vendra moins, c'est sûr. Il y aura moins de bénéfices...", lâche-t-elle, laissant sa phrase en suspens. Elle aussi, elle le sait, pourrait bien faire partie de la nouvelle charrette. Celle des sacrifiés invisibles du site d'ArcelorMittal.

samedi 1 mars 2008

Encore un tragique accident en Belgique !


Communiqué du journal "Le Soir Vendredi" le 29 février 2008

Explosion a I'acierie de Chertal (Belgique) :
Deux ouvriers qui étaient en train de repeindre une conduite de I'acierie de Chertal , à Oupeye, ont été mortellement brûlés jeudi suite à une explosion qui s'est produite vers 10 h 30. L'accident pourrait être dû à une concentration massive d 'oxygène dans la conduite . L'un d'eux, âgé de 32 ans, est décédé sur les lieux . Son collègue, âgé de 34 ans et brulé à 90 %, a été transporté au CHU de Liège où il est décédé jeudi vers 21 h .
Aux familles, aux proches et aux collègues des victimes, la CFDT leur présente ses plus sincères condoléances et les assure de tout son soutien dans ces moments de douleur.
Ces deux malheureuses victimes portent à 39 le nombre de tués dans le Groupe ArcelorMittal depuis le 1er janvier 2008. Cela ne peut plus durer. Ce "massacre" doit cesser et la CFDT interviendra vigoureusement contre ces terribles dérives lors de la journée "santé/sécurité" du 6 mars. Déjà courant 2007 (42 victimes), la CFDT n'a cessé de dénoncer le manque d'ambitions du Groupe en matière de sécurité. Dans toutes les instances nationales et européennes nous avons exigé des moyens à la hauteur de la situation. Rien n'y a fait. Combien de victimes faudra-t-il encore pour que Mittal prenne enfin conscience de l'extrême gravité de la situation ?