Les élus de l'usine lorraine d'ArcelorMittal devraient présenter très bientôt les détails du contre-projet préparé avec le cabinet d'expertise Syndex. Le leader mondial de l'acier s'est donné jusqu'à début avril pour étudier leurs propositions.
Le dossier Gandrange revient sur le devant de la scène. Aujourd'hui, les représentants des salariés de l'usine d'ArcelorMittal se réunissent avec le cabinet d'expertise Syndex pour préparer le comité d'entreprise qui a lieu le lendemain. Les élus CFDT et CFE-CGC pourraient ensuite publier les détails du contre-projet qu'ils doivent présenter officiellement vendredi à la direction. Ce sera l'occasion de le comparer avec le projet alternatif présenté la semaine dernière par la CGT, qui a quitté l'intersyndicale. Les éléments préparés par le cabinet d'expertise Syndex sont très attendus par la direction de l'entreprise. ArcelorMittal a annoncé mi-janvier la fermeture partielle de ce site basé en Moselle, ainsi que le reclassement, sur ses autres sites lorrains, des 600 employés menacés par le plan de restructuration. Sous la pression politique et des syndicats, le leader mondial de l'acier s'est toutefois engagé à « étudier des propositions alternatives viables avec les syndicats jusqu'au début du mois d'avril ».
Les résultats de l'expertise sont aussi très attendus par l'Elysée, le dossier ayant pris une tournure très politique depuis la rencontre entre Lakshmi Mittal et Nicolas Sarkozy, fin janvier, et la visite éclair du président de la République à Gandrange, le 4 février. Entre les deux tours des municipales, une réaction de l'Etat n'est pas à exclure. Une chose est sûre, le président s'étant emparé du dossier, il devra tôt ou tard fournir le « service après-vente », selon un observateur.
Les détails du contre-projet sont restés secrets jusqu'au dernier moment, mais ses grandes lignes sont connues depuis le début des discussions. Elles reposent sur une hypothèse : celle du maintien de l'usine au sein du groupe ArcelorMittal. Elles prévoient un investissement de modernisation d'une quarantaine de millions d'euros, un recentrage du carnet de commandes et un effort de formation. L'entreprise n'ayant pas anticipé les départs en retraite, elle se retrouve avec quelque 400 jeunes recrues qui manquent de savoir-faire.
Zaleski attentif au dossier
De son côté, la CGT, dont le secrétaire général, Bernard Thibault, se rendra vendredi à Gandrange, envisage la construction d'une nouvelle aciérie et des investissements de 130 millions à 140 millions d'euros. « Cette stratégie pourrait heurter frontalement la stratégie d'ArcelorMittal », reconnaissent les auteurs de cet autre contre-projet, qui préconisent du coup une cession du site. Pragmatique, la direction du groupe n'a jamais exclu officiellement une vente, mais ce n'est pas du tout son scénario privilégié.
Sans attendre son avis, des candidats se sont déjà manifestés. C'est le cas de l'investisseur Romain Zaleski, actionnaire d'ArcelorMittal, qui a même quitté le conseil d'administration du groupe « afin de pouvoir agir en pleine liberté dans ce dossier », selon sa lettre de démission dont disposent « Les Echos ». A ce stade, le sidérurgiste n'a pas répondu à sa demande de visite du site lorrain par ses équipes. D'autres repreneurs potentiels existeraient, mais ils ne sont pas sortis du bois. La décision finale revient évidemment à Lakshmi Mittal. Mais les syndicalistes comptent avant tout sur la pression politique. Lors de sa visite à Gandrange, Nicolas Sarkozy avait déclaré que son idée, « c'est que l'on essaie de faire avec vous ce qu'on a fait avec Alstom »
13/03/08 Les Echos
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