Ferme et intransigeante, la Direction Générale a sonné la fin des négociations salariales. Oust, l'attente des personnels, oust la reconnaissance des efforts fournis pendant le plus dur de la crise, oust à celles et ceux qui vont se retrousser les manches dans les semaines à venir pour répondre aux besoins de l'entreprise. Allez, du balai.
Mais, qui pourra se targuer d'avoir gagné après une telle épreuve ? Qui osera se gargariser d'être dans le vrai ? Quelle "fierté" à en tirer d'un tel simulacre de négociations ?
Mais, qui pourra se targuer d'avoir gagné après une telle épreuve ? Qui osera se gargariser d'être dans le vrai ? Quelle "fierté" à en tirer d'un tel simulacre de négociations ?
DES LEÇONS À TIRER
Chaque année la crispation est de mise lors des négociations salariales annuelles et c'est normal. Oui, car c'est un moyen de tout mettre à plat et d'essayer d'obtenir une équité, même très partielle, dans la politique des rémunérations. Chaque année, chacun se fait une idée des résultats, bons, pas bons, médiocres ou acceptables.
Mais, cette année est et restera très spéciale, le goût amer restera longtemps dans les bouches. En effet, au delà des propositions (loin de répondre aux attentes des salariés), c'est un sentiment généralisé d'injustice qui se dégage. Après une année 2009 catastrophique pour les personnels, chacun était en droit d'attendre un juste retour des efforts consentis. Comment interpréter le message que renvoie la Direction Générale ? C'est rien, rien du tout ?
Ça ne compte donc pas le gel des salaires, le chômage, la perte sur le pouvoir d'achat par l’absence des primes ? Ça ne compte donc pas les milliers de suppressions d'emplois, les heures supplémentaires « gratuites » effectuées après l'été pour faire face aux manques de personnel, pour satisfaire les clients, pour finir les comptes à temps, pour réparer les casses, etc. ? Ça n'a donc eu aucun effet dans l'analyse de la période écoulée ?
De mémoire de sidérurgiste, jamais les salariés ne se sont sentis aussi peu considérés. Rarement les travailleurs se sont sentis aussi loin de la philosophie de l'entreprise. D'ailleurs, quelle philosophie ?
Alors évidemment, dans une société où la seule religion qui compte est le très court-terme, tout ça sera peut-être perçu comme de la foutaise. Pourtant, ce sentiment de rejet s'ancre de plus en plus dans les têtes de chacun y compris chez les plus optimistes Ce sentiment a et aura un coût. Et, si les dirigeants ne prennent garde ce coût ira grandissant. Certes, il n'est pas encore quantifiable, il est même très compliqué de le faire. Pourtant, il est là, il est visible si on se donne la peine d'ouvrir un peu les yeux.
Il s'appelle l'envie. En effet, qui aura encore envie de se donner pleinement dans une entreprise où il ne se sent pas reconnu ? Qui ?
ET MAINTENANT ?
Donc, les dernières propositions restent figées à 0,5% d'AG au 1er mars (talon de 8,5 €), 0,5% au 1er décembre (talon de 8,5 €), 1,3% d'AI et une prime de 200 € versée avec la paie de février.
La CFDT reste persuadée que si l'intersyndicale avait tenu jusqu'au bout d'autres améliorations étaient possibles. Une 3ème réunion, demandée par la CFDT, aurait sans doute permis quelques avancées supplémentaires. Ça n'a pas été le cas et il faudra, là aussi, tirer les enseignements qui s'imposent. Soit.
S'appuyant sur le référendum réalisé auprès de ses adhérents, la CFDT ne signera pas l'accord salaire car il ne répond, ni sur le fond ni sur la forme, aux aspirations des salariés. Il n'est pas à la hauteur des sacrifices fait tout au long de l'année 2009. D'ailleurs de nombreux chefs de service et agents de maîtrise le reconnaissent. Eux aussi s'attendaient à mieux.
La CFDT n'exercera pas son droit d'opposition car le terrain est miné. En effet, à partir du moment où la Direction a obtenu des signatures elle s'obstinera à maintenir sa position quelle que soit la nature du conflit. D'autant, que la loi n'impose pas l'obligation d'une nouvelle négociation, même en cas d'échec. En cas d'opposition, le risque était d'annuler la totalité des mesures. D'où l'importance d’une intersyndicale unie jusqu’au bout.
La CFDT n'ira pas sur ce terrain car les négociations ne sont pas terminées, pas complètement en tout cas. Il faut maintenant s'atteler à ce qu'il ne se fasse pas n'importe quoi dans les services.
Il faut maintenant agir pour une répartition équitable des enveloppes. Et, la CFDT se fera entendre et jouera pleinement son rôle.
La CFDT est persuadée que le plus dur reste à venir. Les mesures salariales ne suffiront pas à satisfaire autant d'attente et d'impatience.
Chacun devra rester vigilant à l'appel de certains démons qui voudront trop une gestion à la '' tête du client ''.
Là aussi, personne ne peut s'approprier ces mesures même si elles sont insuffisantes. Personne ne doit commettre cette erreur car ce qui a été obtenu l'a été grâce à la mobilisation des salariés, surtout de celles et ceux qui ont répondu présents aux appels des syndicats, de tous les syndicats.
Ni la Direction, ni qui que ce soit ne peut se féliciter d'une '' victoire petits bras ''.
Donc, il n'est pas question que les managers ou qui que ce soit confisquent ce qui appartient à la mobilisation collective.
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