jeudi 29 novembre 2012

Scandaleux ! 

Qu’est-ce qui est scandaleux ? Que Mittal condamne Florange ? Que Mittal fasse le chantage sur les 20 000 emplois restants qu’il occupe en France ? Non, pas du tout, pour Laurence Parisot, la patronne du Medef, ce qui est scandaleux, c’est qu’Arnaud Montebourg ait osé menacer Mittal de nationalisation.
"Je n'ai pas noté d'indignation chez Madame Parisot quand Lakshmi Mittal s'est comporté comme on sait, en transférant, non pas l'essentiel, mais une très grande partie des bénéfices des sites industriels français en dehors de nos frontières, notamment au Luxembourg", a aussi ironisé le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac.
Quand en 2004, ce même Mittal a délocalisé, en Pologne, le dernier atelier français de pointes de TréfilEurope, il n’ya pas eu non plus d’indignation. 
Ce qui est scandaleux pour les éditorialistes, tous ces gens bien pensant, c’est que le Ministre ait osé demander des comptes à Mittal. Venant du Figaro ou des Échos, on pouvait s’y attendre, mais que l’attaque vienne de Libé ou du Monde, voila qui est surprenant, sans oublier le Point ou l’Express qui ne sont pas en reste. Ce qui est scandaleux pour eux c’est que la démarche du Ministre ne va pas dans le bon ordre des choses.
Ce qui est scandaleux ce n’est pas la violence verbale des propos du Ministre vis-à-vis de Mittal, c’est la violence faite aux salariés de Florange et à leurs familles par ce même Mittal, mais ça, ça ne compte pas ? La violence à l’égard d’une région abandonnée, ça n’existe pas ? Qu’est-ce qui décrédibilise le plus « l’action publique », comme dit Le Monde ? La parole de Montebourg s’inquiétant à juste titre de l’avenir de la sidérurgie ou les leçons de capitulation administrées par une presse qui se transforme en porte parole des naufrageurs de l’industrie ? Les maitres de forges et leurs valets ne sont pas morts.
Qu’on ne se trompe pas, à Florange, dans le bassin d’emploi, en Lorraine, où on connait bien les problèmes de la sidérurgie depuis près de 50 ans, la proposition de nationaliser le site a fait l’union sacrée.
Ce n’est pas rien. Que Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche, aient repris la balle au bond, c’est dans la logique des choses, mais que Jean-Louis Borloo, Henri Guaino, François Bayrou, Thierry Breton, ou même le commissaire européen Michel Barnier, aient envisagé l’hypothèse d’une intervention publique pour sauver le pôle sidérurgique menacé, voilà qui est plus nouveau.  
Le gouvernement a décidé qu'il nationaliserait l'ensemble de Florange si ArcelorMittal refusait de céder l'intégralité du site d'ici samedi, ont indiqué ce mercredi 28 novembre des délégués syndicaux à l'issue d'une rencontre avec Arnaud Montebourg au ministère du Redressement productif.
"Nous avons un repreneur, qui est un aciériste, un industriel, qui n'est pas un financier, qui par ailleurs souhaite investir son argent personnel et, excusez du peu, est disposé à investir jusqu'à près de 400 millions d'euros dans cette installation pour la rénover", a expliqué Arnaud Montebourg devant les députés. 
L'annonce survient alors qu'une trentaine de salariés d'ArcelorMittal sont rassemblés aux abords de l'Assemblée nationale, dans une ambiance tendue avec les forces de l'ordre. Une quinzaine d'entre eux étaient encerclés par les forces de l'ordre.
"Je me bats pour mon travail. Je ne suis pas un voyou", "On ne lâchera rien. Cinquante CRS pour vingt ouvriers, c'est quoi ce cinéma ?! Et pendant ce temps, Mittal qui gagne de l'argent, ferme notre usine, ils vont aller travailler où nos jeunes ?", s'énervait-il. "On n'est pas des chiens, il ne faut pas nous parquer", 
Une délégation a été admise à entrer à l'Assemblée pour assister aux questions au gouvernement, Michel Liebgott devant en poser une sur le dossier ArcelorMittal. 
Une banderole proclamant "face à Mittal, ne lâchez rien, monsieur le ministre", en scandant "on lâche rien, on lâche rien"a été déployée devant l’Assemblée 
Une dizaine des salariés d'ArcelorMittal Florange ont choisi de planter leur tentes pour former le village gaulois devant le ministère du Redressement productif afin de maintenir la pression sur François Hollande et Arnaud Montebourg jusqu'à la fin de l'ultimatum lancé par Mittal pour la reprise de la filière chaude de Florange.

"On veut montrer qu'on est mobilisé jusqu'au bout", explique Edouard Martin, "L'annonce d'Arnaud Montebourg de l'existence d'un repreneur c'est la preuve que le site est viable et rentable. C'est un pied de nez à Mittal. La balle est désormais dans son camp mais c'est un dogmatique et il ne reculera probablement pas."

Photos FR3 Lorraine


Aucun commentaire: