samedi 13 avril 2013

CR CCE AMAL


Ce jeudi, 11 avril, a eu lieu à Paris une réunion du Comité Central d’Entreprise d’AMAL avec comme objectif, le recueil des avis des organisations  syndicales  sur  le  projet industriel imposé par le groupe ArcelorMittal.

La CFDT, suite aux échanges en réunions, aux débats avec des responsables de projets, aux rencontres sur le terrain à Florange, à Basse-Indre, aux contenus des rapports  d’expertise,  ne  peut  que  confirmer ses positions de départ :

« La fermeture des hauts fourneaux d’Hayange, de l’aciérie et de la coulée continue  de Serémange,  de l’agglomération de Rombas, l’arrêt des lignes de laminage et décapage de Basse- Indre, en plus d’être un saccage industriel, un désastre social, constitue une grave erreur  de  stratégie  qui  résulte  d’une volonté de démantèlement de l’industrie Européenne au service d’une politique opportuniste de rentabilité à court terme »

Pourquoi en est-on arrivé là ?

Le Président du CCE avoue en réunion que l’arrêt des hauts fourneaux en Europe est basé sur une vision pessimiste de la reprise de la croissance Européenne. Et que, si croissance il y avait, des brames extérieures seront importées.

Donc, en période de crise, les restructurations et fermetures de sites totales ou partielles en Europe, l’utilisation, voir le détournement des fonds publics là où c’était possible, la vente de quotas de CO2, ont servi l’intérêt particulier à court terme d’une famille.

Et  quand  la  machine  repartira,  ce  ne sont pas ceux qui ont été dépouillés qui pourront en bénéficier car l’outil, les compétences, les systèmes d’information ne sont plus.

Le retour de la croissance en Europe ne créera donc pas d’emploi dans la sidérurgie Européenne et ne profitera pas aux citoyens Européen mais à ceux qui seront en capacité de produire et d’exporter.

Et s’il vient à manquer de brames en Europe,  Mittal  arbitrera  en  fermant  les activités  qu’il  considère  les  moins rentables par exemple dans l’industrie ou le packaging pour se focaliser sur les produits qui maximisent les marges toujours à court terme.

Résultats, encore et toujours plus d’emplois  supprimés  et  encore  et  toujours plus de cash dans les poches familiales. Cela s’appelle l’opportunisme industriel ! C’est cela que nous combattons.

Déclaration CFDT au CCE du 11 avril 2013

Monsieur le Président,

Vous consultez aujourd’hui les membres du CCE d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine sur votre projet industriel et commercial pour la société, incluant notamment les projets de mise sous cocon de la phase liquide de l’établissement de Florange et mise en place d’une filière packaging intégrée, et ses conséquences   sociales   notamment   sur   le plan emploi 2013.

Pour la CFDT, cette consultation  revêt un caractère purement formaliste et juridique pour au moins 3 raisons. 
    • Premièrement, c’est un accord signé le 30 novembre 2012 entre le groupe et le gouvernement français qui trace et impose les orientations et évalue le montant des investissements dont découle le projet que vous nous soumettez à consultation.
    • Deuxièmement,  par  défiance,  nous avons exigé des moyens spécifiques, afin de nous  assurer  du  respect  des  engagements pris par ArcelorMittal. Ainsi, une commission de suivi animée par M. François Marzorati, missionné à temps plein par le Premier Ministre, a été mise en place. En plus des représentants des salariés des syndicats représentatifs de Florange, cette commission reçoit  l’appui  des  services  de l’Etat  et d’experts mandatés par le gouvernement.
    • Troisièmement,  que  dire  de  plus,  que dire de mieux, dans cette déclaration que ce qui a été affirmé et répété pendant 22 mois par les salariés d’AMAL, dans les Assemblés Générales   organisées   par   l’intersyndicale, lors des prises de paroles aux portiers des différents établissements, dans les débats autour  des  feux  lors  des  multiples  conflits, sous la tente mis en place devant les grands bureaux de Florange, lors des nombreuses manifestations et défilés à Florange, à Paris, dans les rencontres avec les élus de la République,  dans les diverses réunions CE, DP, CHSCT, CCE etc. ? Comment exprimer par cet avis notre désaccord et notre volonté de voir à nouveau la fonte couler en Lorraine encore plus et encore mieux que ne l’ont fait les salariés de tous les sites d’AMAL pendant ces 22 mois ?

Votre stratégie a transformé les hauts fourneaux de Lorraine en d’immenses squelettes d’acier, a désorganisé et de fait rendu  vulnérable  la  filière  packaging  et  les sites de Florange et Basse Indre. Vous avez détruit  des  outils  performants  mais  aussi, vous avez détruit une communauté humaine depuis des générations au service de l’acier. Vous avez sacrifié un savoir-faire, des compétences  sur  l’autel  de  la  rentabilité  à court, à très court terme.

S’ingénier à l’échec, comme cela peut paraître antinomique. Pourtant, c’est ce que vous faites depuis des décennies et c’est là où vous exceller car vous n’agissez que par opportunité, par facilité, par cupidité.

Cette  énième  restructuration  profonde, ce saccage de l’outil industriel fait suite à une multitude de bouleversements de notre entreprise. Et chaque fois, avec la même conviction inébranlable, vous nous avez vanté ces transformations d’un point de vue économique vous gardant bien d’aborder les répercussions concrètes pour les salariés qui subissent ces mutations affectant leur environnement.

Changer  pour  changer  en  considérant que le nouveau  vaudrait  et rapporterait toujours mieux et plus que l’ancien.

A la CFDT nous ne pensons pas qu’à Florange comme ailleurs dans AMAL et dans ArcelorMittal  l’on puisse  s’installer durablement dans une société de l’incertitude, de la rentabilité démesurée, dans un modèle où la logique de l’entreprise c’est le cours de bourse, le dividende et non pas l’intérêt général.

Pour preuve, concernant le besoin en brames, déjà les premiers écueils se font jour. Le rapport d’expertise demandé par les élus du CCE  lors du droit d’alerte confirme nos analyses et inquiétudes pour notre avenir.

Il est écrit : « le maintien de capacité de production de brames de Florange est indispensable pour assurer les volumes à l’horizon 2015 … l’approche stratégique du groupe va se traduire par la renonciation à des commandes, par une poursuite des pertes  de  marché  ou  par  une augmentation des flux achetés à la concurrence … même dans le contexte actuel d’une demande déprimée, les tensions en approvisionnement sont rapidement atteintes en période de pointe et c’est le cas actuellement (confirmation faite lors des réunions de CE) … lors des prochaines phases de reprise le groupe ne pourra faire face à la demande … etc. »

Concernant la filière packaging, les raisons sont différentes mais l’analyse et les inquiétudes se confirment aussi : « le projet introduit des contraintes industrielles qui individuellement sont surmontables mais combinées risquent fortement de conduire à un échec et in fine de se retourner contre la filière dans son ensemble … la contribution   économique   du   projet   est faible … le projet est construit sur l’hypothèse  que  la  réussite  est  assurée sans retour en arrière ou alternative possible … le maintien du taux de service sera  un  challenge  exceptionnellement élevé … le flux logistique externe conduit à un niveau de risques très élevé … etc. »

Arrêtez le massacre ! Ce que nous voulons et continuons à revendiquer c’est un avenir industriel pour Florange, pour AMAL, pour la sidérurgie Européenne. Cet avenir passera selon nous par la production d’acier propre en limitant au maximum les rejets de CO2.

Cependant, la CFDT constate que le développement d’une nouvelle filière liquide à Florange avec Ulcos, n’est pas encore acquis et faire aboutir cette revendication portée par l’ensemble des salariés ne sera pas chose facile. En effet, en plus des problèmes techniques, d’environnement et de sécurisation du projet, c’est la volonté et le respect des engagements du groupe qu’il faudra sans cesse contrôler.

Car, à peine l’accord signé, Mittal reniait déjà sa parole ! Puis contraint et forcé par les réactions des salariés et du gouvernement, il adaptait sa position dans une déclaration publique.

Jeudi 6 décembre 2012, la Commission Européenne a annoncé le retrait du projet Ulcos par ArcelorMittal  qui  l’avait  déposé  auprès  d’elle  pour  obtenir  son  soutien  financier.  Ce  retrait, provoquant une réaction de colère des salariés de Florange, était pour la CFDT inopportun et précipité.

Vendredi 7 décembre, le Président de la République et le Premier ministre ont confirmé clairement les engagements de l’Etat.

Simultanément, dans une déclaration publique, ArcelorMittal a également confirmé et précisé ses engagements. Les investissements démarreront dès le premier trimestre 2013 sur la partie froide. Des études, dotées d’un budget de 13 millions d’euros, reprennent dès maintenant pour relancer un démonstrateur industriel Ulcos TGR-BF – version 2 –. Les hauts-fourneaux  seront placés « sous cocon » dans des conditions techniques compatibles avec la réalisation de ce projet sur l’un des deux.

Donc, pour l’avenir la CFDT va concentrer son action sur : 
      • Le soutien au développement d’une nouvelle filière liquide à Florange avec Ulcos 
      • La négociation du dispositif pour l’emploi 
      • Le suivi des investissements

Ces 3 axes qui seront désormais notre feuille de route ont été imposés par la détermination des salariés de Florange et d’AMAL, par les actions qui ont fait du combat de la sidérurgie le combat industriel de l’Europe.

Ces 3 axes doivent être le socle de votre projet car ils sont au cœur de l’industrie de demain et tiennent en 3 mots :

L’INNOVATION – LES HOMMES – LES INVESTISSEMENTS

Au lieu de cela vous réfléchissez, travaillez et consultez sur un projet sans ambition, rempli d’incertitudes, bien en dessous des besoins de Florange, d’AMAL, du groupe et de l’avenir de l’industrie en Europe.

C’est pourquoi,
la CFDT est contre votre projet.
Nous sommes contre,
farouchement contre,
résolument contre.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bien parlé, cette semaine il y a même des brames de Gent qui vont arriver à ebange. Tout le monde dit qu'on est en surcapacité en europe et à priori dunkerque ne peut pas fournir entièrement ses installations et les nôtres. Arrêter la phase liquide de florange est une belle connerie, pardonnez moi l'expression.

Anonyme a dit…

Moi, président,
Florange s’éteindra,

Moi, président,
Au pôle emploi tu seras,