jeudi 16 mai 2013

Négociation sociale

Début d’enlisement

A peine passée la première réunion, le traditionnel round d’observation, que les événements prennent une tournure particulière et les adeptes de la danse d’Echternach (un pas en avant, deux pas en arrière) s’en donnent à cœur joie. Dans ce contexte, la CFDT garde malgré tout le cap. Nous avons écouté et entendu les salariés usés par tous les retournements de situation et les incertitudes subis depuis de trop longs mois.

Il nous faut trouver une solution à chacun, rapidement.
Il est vrai que depuis 24 mois un conflit sans précédent se déroule à Florange. L’objectif est clair, maintenir et développer l’emploi, garder une attractivité dans le bassin d’emploi, contrer les décisions de Mittal. La CFDT, à la pointe de ce combat, continue à développer les initiatives tout azimut pour redonner une vie aux hauts fourneaux.
  • OUI, nous avons obtenu 180 millions d’€, d’investissement + 32 M€ dans la R&D, dans le cadre du comité de suivi de l’accord de Matignon.
  • NON, nous n’avons pas enterré la filière liquide
  • OUI, un espoir de développer et industrialiser le projet LIS à Florange reste d’actualité.

Nous savons que ce ne sera pas facile mais tout doit être tenté. L’action syndicale est dynamisée par « l’ici et maintenant » mais elle se ressource et prend de l’envergure dans une vision futuriste et innovante, c’est ce qu’ont du mal à comprendre nos détracteurs ou plutôt suiveurs… depuis 24 mois. Bref, c’est un autre débat !

Concernant « l’ici et maintenant »

Le 30 avril, lors de la première réunion de négociation, nous avons posé nos premiers jalons, écouté les revendications des autres organisations syndicales et les premières réactions de la direction.

Pour nous, les besoins et volontés des salariés se déclinent différemment, elles doivent être adaptées notamment en fonction des âges.
  • Ceux qui peuvent prétendre à une retraite pleine et entière dans un délai court.
  • Ceux qui peuvent prétendre à une retraite pleine et entière dans un délai plus long.
  • Ceux à qui on doit un avenir dans l’entreprise.

Pour les premiers, des mesures attractives au départ, reconnaissance légitime du mérite doit être attribuée.

Pour les seconds, un système de maintien du salaire, maintien des cotisations doit être imbriqué avec une réduction du temps de travail significative.

Dans les deux cas, nous exigeons qu’avant chaque départ, une organisation facilitant le transfert des compétences soit mise en place. Nous devons veiller à conserver le savoir faire dans notre établissement.

Pour la troisième catégorie qui aura la lourde charge de garder les installations compétitives malgré les départs, mutations, et autres bouleversements qu’ils auront à subir, nous allons être très exigeants sur le plan financier, sur les effectifs, sur la formation et sur les organisations du travail.

Pour finir, nous avons voulu que le temps social soit calqué sur le temps industriel. Un accord entre l’état et le groupe donne une échéance à 6 ans, nous avons demandé une durée sociale égale à 6 ans (heureux de voir que certains nous rejoignent sur ce point).

Voilà les thèmes de réflexion que nous avons posés lors de cette première réunion et d’emblée, dès la fin de réunion nous avons exigé d’être reçu par la direction pour exprimer nos propositions de façon plus affinée. Nous avons aussi lors de cette réunion bilatérale, demandé quelques éléments susceptibles de faire avancer notre réflexion.

Grâce à ce travail basique de syndicaliste, nous avons réussi lors de la seconde réunion à développer une argumentation stratégique qui se décompose ainsi.
  • Mesure d’âge : 18 mois de salaire pour les salariés pouvant partir en retraite jusqu'à la date du 31 mars 2014.

Pour les salariés pouvant prétendre à une retraite à partir du 1er avril 2014 et durant la durée de l’accord (6 ans) la CFDT demande un maintien à 100% du salaire, 100% des cotisations pour 50% de durée de travail. Dans ce processus, il faut un transfert de compétences, que chaque agent partant forme son successeur mais aussi, que chaque départ soit compensé par une embauche.
  • Départs volontaires pour projet personnel : 24 mois de salaire, avec mise à disposition de formation afin d’aider certains à rebondir sur un nouveau métier.
  • Mutations internes : 5000€
  • Mutations groupe : prime de 6 mois bruts, mettre en place une annexe spécifique d’aide à la mobilité (double loyer, aide au conjoint, etc.)

Toutes ces mesures doivent avoir un effet rétroactif depuis la date du 30 novembre 2012 date de la signature de l’accord.
  • Pas de perte de salaire
  • Revoir tous les référentiels compétences

Chacun doit être en mesure de construire un projet professionnel avec une évolution de carrière.

LIS, ici et Maintenant

Étape après étape, la CFDT élabore une stratégie pour obtenir des avancées pour le futur. Après l’enveloppe des 212 M€ obtenue, il est primordial d’obtenir l’investissement pour LIS (Low Impact Steelmaking). Ce projet innovant permettra de valoriser le CO² (et non plus de l’enfouir) en lui donnant une « nouvelle vie ».

En effet, les chercheurs travaillent pour transformer le CO² en briques, plastique, méthanol, etc. S’ils aboutissent, le CO² deviendra un co-produit utile, que les sidérurgistes pourront vendre. De plus, l’acier propre pourra enfin voir le jour et par là, des emplois et des activités industrielles nouvelles. On a tous à y gagner, il faut y croire, il faut soutenir ce projet.

Car si plus personne ne croit plus en rien, si d’aucuns estiment que c’est foutu, que c’est mort, alors pourquoi se battre ?

C’est bien le rôle des élus (syndicaux et politiques) que de porter de nouvelles ambitions afin d’ouvrir de nouveaux horizons pour les populations et les territoires.

Beaucoup trop de décideurs sont à l’affût des réactions des uns et des autres, il ne faudrait pas leur offrir sur un plateau en or l’excuse toute faite pour que LIS ne voit pas le jour en Lorraine.

La CFDT veut y croire, elle s’est battue à tous les niveaux pour obtenir des moyens pour la R&D qui se chiffrent aujourd’hui à 32 M€.

De plus, l’injection d’argent public (15 M€) permettra à l’Etat de prendre la main sur l’avancée de la recherche ; Plusieurs universités lorraines et nationales seront associées à ces travaux.
Qui peut dire que tout çà n’est rien ?

Bref, entre les 17 M€ « promis » par l’ancien gouvernement (dont personne n’a jamais vu le moindre €) et les 212, d’aujourd’hui (dont 53 M€ ont d’ores et déjà été débloqués). Qui peut dire que c’est du pareil au même ?

Peut-être les mêmes qui, dès le premier jour du combat, disaient déjà à l’époque que c’était foutu.

La CFDT va continuer à batailler (pas un jour, pas une semaine, sans interpellation des différents ministères) pour obtenir la garantie que, quoi qu’il arrive, LIS se fera à Florange et nulle part ailleurs et non pas dans 6 ans, mais bien plus tôt.

Certes, rien n’est jamais définitivement gagné mais la CFDT est en ordre de marche pour poursuivre ce combat. Et comme le dit le groupe musical HK, « tant qu’il y a de la lutte, il y a de l’espoir, tant qu’il y a de la vie, il y a du combat, tant qu’on se bat, c’est qu’on est debout, tant qu’on est debout, on lâchera pas…. Notre idéal bien plus qu’un rêve, un autre monde on n’a pas le choix ».

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'espère sincèrement qu' LIS se fera et qu'on redémarre le P6, l'aciérie et l'agglo. Mais après l'arrêt de l'aciérie et du TAB (à moitié démoli), de la filière liquide franchement je me demande si dans 10 ans on aura encore le LCB et la filière à froid de Sollac...