samedi 22 décembre 2012

Concensus sur la déception

"Soutien" ou "trahison", le sentiment est mitigé pour les salariés et syndicalistes d'ArcelorMittal après l'accord signé entre Mittal et le gouvernement.
On pouvait penser que ce gouvernement avait suffisamment de force pour faire plier Mittal et que la filière liquide serait sauvée, alors, il ne faut pas s’étonner qu’après l’accord entre Ayrault et Mittal, validé par François Hollande, contre l'avis d'Arnaud Montebourg, le mot de trahison ait été lancé et soit sur toutes les lèvres.
C'est donc dans ce contexte que les représentants de l'intersyndicale CFDT-FO-CGT, toujours unis, sont allés demander des comptes ce jeudi 20 décembre 2012, à Michel Liebgott, député socialiste de la circonscription et maire de Fameck, sur l'action du gouvernement qu’on peut qualifier au mieux de bâclée.

Fabriquer de l'acier en Lorraine revient à peine plus cher que dans le Nord

La CFDT remet en cause l'excuse du "manque de compétitivité" invoquée par le groupe, en s'appuyant sur un document interne.
Le site de Florange est l'un "des plus rentables" d’ArcelorMittal parmi ses sites du nord de l'Europe, c’est ce que confirme un document interne du groupe dont nous avons eu copie et qui compare les coûts de production à la tonne de l'acier produit par les différents sites du groupe à Florange, Gand, Dunkerque, Liège et Brême.
« On voit effectivement sur les courbes que Florange fait partie des sites les plus rentables, aussi rentable que Gand et Dunkerque »
"La différence ne serait que de 4,2 euros par tonne alors que le groupe a toujours avancé le chiffre de 40 euros",

Mise en place du comité de suivi de l'accord

Ce même jour le comité de suivi de l'accord signé par le gouvernement et Mittal, présidé par le sous-préfet de Thionville François Marzorati, est officiellement installé en fin de journée à Metz et se déroule dans une ambiance tendue, sans la présence de FO et de la CGT.

Il devait baliser l’avenir, il a finalement rouvert les plaies. Le premier comité de suivi de l’accord de Matignon du 30 novembre, signé entre Jean-Marc Ayrault et ArcelorMittal a accouché, hier soir, jeudi 20 décembre, d’un véritable ultimatum à l’adresse du gouvernement : « On lit clairement entre les lignes de ce projet d’accord que M. Mittal fait une croix sur les hauts-fourneaux de Florange. Il faut donc que le gouvernement le dise et l’acte réellement. Ensuite, l’unanimité s’est faite autour de la table pour revenir au plan Montebourg », résume, combative, Anne Grommerch.
La députée de Thionville affirme déjà qu’elle va « réintervenir, en concertation avec Michel Liebgott, député-maire de Fameck, auprès du président de la République ».
Le comité de suivi d’une quinzaine de membres, à peine porté sur ses fonts baptismaux, a-t-il déjà vécu ? Il est bien entendu trop tôt pour le dire, même si Patrick Weiten, est très amer : « Moi, je lis la presse comme tout le monde : une démarche est engagée pour supprimer 200 emplois par an sur trois ans. Que reste-t-il de la promesse de ne pas supprimer d’emplois ? En plus, 100 postes de plus sont en balance chez Gépor ! Nous ne sommes donc plus dans l’épure de l’accord. », analyse, le président du conseil général de Moselle.
Ulcos ? « On n’a même pas eu le 1 alors qu’attendre du 2 ? Moi, je considère qu’on avait un projet alternatif et un industriel du terroir, florangeois, mosellan et l’État pouvait transférer les installations à un opérateur auquel nous avions confiance ».
Conclusion : il réfléchit dès aujourd’hui à l’hypothèse de quitter l’assemblée à peine installée, car siéger au comité de suivi « alors qu’on a été grugés, c’est être complice d’une situation qu’on nous impose ».

Consensus sur la déception 

Ce « consensus sur la déception », selon le mot d’Anne Grommerch, Michel Liebgott le prolonge : « Ulcos est out, pour des questions de fric. Dans l’accord, les trois points sur Ulcos sont plombés ». Sur le fond, le député temporise : « Comme Jean-Pierre Masseret, président du conseil régional, je reste persuadé qu’il faut envisager l’avenir avec l’IRT, le CNRS, dont le patron est prêt à être auditionné, et la métallurgie de demain et veiller à ce que les investissements promis par Mittal [13 M€] soient engagés au plus vite ».
Même s’il reste rivé sur l’hypothèse d’un repreneur, Edouard Martin (CFDT), lui non plus, ne se pose pas encore la question de partir du comité : « L’arrêt de mort de la filière liquide était contenu en filigrane dans l’accord. Mais j’insiste, il y a tromperie. Comme sur Ulcos, où les pseudo problèmes techniques n’existent pas ». Même s’il n’a pas la faculté de sortir d’aucune manière de l’accord qui cadre sa mission, François Marzorati, pilote du comité, confirme qu’il remontera dans son compte rendu « l’état d’esprit précis » des participants à ce premier tour de table.
Le prochain rendez-vous est fixé le 17 janvier.
Alain MORVAN. Article du RL du 21/12/2012
Photos extraites du Net

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