Depuis la fin de la négociation sur la Sécurisation de l’emploi,
les analyses incomplètes et les critiques sur la base d’arguments erronés ou de
mauvaise foi vont bon train. Le point sur le contenu de l’accord …en dix
points.
1/L’accord signe la mort du CDI
Faux Dans la continuité de l’accord Modernisation du marché du
travail de 2008, cet accord incite à refaire du CDI la norme. Il cherche à
lutter contre toutes les formes de précarité. Ainsi, la taxation des contrats
courts ne s’applique pas quand le CDD devient un CDI. L’allègement de charges
pour l’embauche de jeunes de moins de 26 ans en CDI, permet une plus grande
incitation à l’utilisation de ce dernier.
2/Les contrats courts abusifs vont coûter plus cher aux entreprises
VRAI En 2011, deux embauches sur trois étaient des CDD inférieurs
à un mois. Pour pousser les employeurs à embaucher les salariés en contrats
durables et pour pénaliser ceux qui abusent des contrats très courts, un
employeur devra désormais payer 75 % de plus sur la cotisation
assurance-chômage pour les CDD de moins d’un mois et 40 % de plus pour les CDD
d’un à trois mois. Sur la base des chiffres de 2011, cette taxation aurait
couvert 86 % des CDD, soit 17 millions de contrats.
3/L’accord encourage le chantage à l’emploi et permet des baisses généralisées des salaires
Faux Jusqu’à présent, les accords compétitivité-emploi se
faisaient de manière sauvage, parfois en exerçant un chantage sur les salariés.
Avec l’accord sur la Sécurisation de l’emploi, ces accords seront encadrés.
Cela ne pourra plus se faire qu’en cas de graves difficultés conjoncturelles
attestées par un expert. Ces accords seront limités dans le temps (deux ans
maximum). Les syndicats signataires devront représenter plus de 50 % des
salariés. L’entreprise devra s’engager à maintenir tous les emplois pendant la
période de l’accord. Quand elle ira mieux, les salariés devront percevoir le
fruit de leurs efforts. Enfin, ces accords ne pourront en aucun cas déroger aux
éléments d’ordre public, comme le Smic ou les 35 heures.
4/Les employeurs pourront à leur gré forcer les salariés à être mobiles
Faux Le texte prévoit qu’un accord collectif doit encadrer les
conditions dans lesquelles des mobilités professionnelles ou géographiques
peuvent être proposées au salarié par l’employeur, afin de gérer la bonne
marche de l’entreprise. Cela ne pourra se faire que si aucun emploi n’est
menacé. L’employeur sera tenu de maintenir salaire et qualification.
5/Tous les salariés auront droit à une complémentaire santé
VRAI C’est l’une des mesures phares obtenues par la CFDT. Aujourd’hui,
presque 4 millions de salariés ne bénéficient pas d’une complémentaire-santé
collective.
Pour pallier ce manque, toutes les branches professionnelles
devront obligatoirement ouvrir des négociations d’ici le 1er avril 2013. À
défaut d’accord, les entreprises devront elles-mêmes négocier un dispositif
pour leurs salariés ou leur proposer une complémentaire santé prise en charge à
50 % par l’employeur, avant le 1er janvier 2016.
6/L’accord facilite les licenciements économiques
Faux L’accord ne modifie pas la définition du licenciement
économique. Mieux, il prévoit des conditions plus protectrices d’élaboration
des plans sociaux. Dorénavant, l’employeur aura deux possibilités : élaborer un
plan social par la négociation avec les syndicats, sur la base d’un accord
majoritaire (à 50 %) ; ou bien construire son projet seul et, après consultation
du comité d’entreprise, demander une validation auprès de l’administration.
Cette homologation permet de vérifier que les droits des
salariés sont bien respectés dans le plan social envisagé. Si ce n’est pas le
cas, la procédure est bloquée et les salariés ne sont pas licenciés.
Il s’agit de passer d’une procédure de contrôle a posteriori
par le juge (qui se réduit souvent à des dommages et intérêts dans des délais
longs, sans empêcher la perte d’emploi) à une procédure de contrôle a priori
par l’administration, afin d’éviter les licenciements abusifs.
7/Les représentants des salariés vont siéger dans les conseils d’administration des entreprises
VRAI Afin de permettre que les salariés aient leur mot à dire sur
la stratégie de leur entreprise, ces derniers participeront désormais à l’organe
de l’entreprise qui définit cette politique, dans les entreprises de plus de 5
000 salariés en France ou 10 000 dans le monde. Le patronat n’avait jamais cédé
sur cette revendication de longue date des organisations syndicales.
8/Si une lettre de licenciement présente un vice de forme, elle sera quand même valable
Faux La CFDT s’est vivement opposée à cette mesure que réclamait
le patronat. Il voulait remettre en cause les jurisprudences qui considèrent la
mauvaise rédaction de la lettre de licenciement comme une violation d’une règle
de fond et pas seulement de procédure, ce qui rend le licenciement irrégulier.
Aucun article de l’accord ne modifie l’état du droit sur ce sujet.
9/Les temps partiels imposés seront mieux payés et mieux organisés
VRAI Le travail à temps partiel est une source de précarité pour
de nombreux salariés, majoritairement des femmes, et la répartition des
horaires et la durée du travail sont souvent imposées. Six travailleurs à temps
partiel sur dix voudraient travailler plus. L’accord prévoit, d’ici le 31
décembre 2013, une durée minimale de 24 heures par semaine et encadre
strictement les possibilités de conclure des contrats plus courts. De plus, les
heures qui vont au-delà du temps de travail prévu dans le contrat, seront
payées davantage dès la première heure (de 10 à 25 %). Les employeurs devront
également mieux répartir le temps de travail des salariés pour permettre à ces
derniers de s’organiser.
10/L’accord constitue une régression du droit du travail
Faux L’accord ne revient pas sur le contenu des règles de droit.
Il favorise la négociation de branche et d’entreprise. Il permet de sauver des
emplois grâce à des accords majoritaires qui pourront encadrer des dérogations
temporaires et ainsi permettre aux entreprises de passer un cap difficile sans
licencier. En contrepartie des nouveaux droits pour les salariés, l’accord
ramène les délais d’action des procédures contentieuses que peuvent exercer les
salariés à la moyenne des pratiques.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire